2014-09-03 15:22:00

Mgr Shomali s'est rendu à Gaza


A Gaza, une semaine après l’entrée en vigueur d’un cessez-le feu illimité, une délégation du patriarcat latin de Jérusalem s’est rendue sur place ce lundi.

Mgr William Shomali, le Vicaire patriarcal, a comparé ce qu’il a vu « aux villes rasées au cours de la Seconde guerre mondiale ». Dans le quartier de Sajaya, 80% des maisons et des édifices ont été complètement détruits.

La délégation patriarcale a également rencontré les membres de la petite communauté catholique locale.

Mgr William Shomali témoigne au micro de Jean-Baptiste Cocagne 

 

J’ai vu des gens qui ont tout perdu. J’ai vu des maisons détruites par centaines. La plupart du temps, ils sont sans électricité sauf ceux qui ont des générateurs électriques. Ils travaillent quelques heures à peine car les carburants sont rares. J’ai vu un peu d’espoir dans les yeux des pécheurs qui partent en mer le soir et qui rentrent le matin avec plein de poissons. J’ai vu des enfants ramassés le fer des maisons détruites pour le revendre. J’ai vu des enfants jouer dans la rue. Il y a aussi le besoin de jouer. J’ai vu aussi des gens parler d’une défaite. Ils ne croient pas à une victoire du Hamas, même les gens de Gaza. Ils parlaient avec ironie de cette soi-disant victoire. J’ai vu beaucoup de gens dormir dans la rue. Ils n’ont pas de logis pour le moment. Ils sont plus de 300.000 car 35.000 appartements ont été détruits. Certains blocs de 10 étages ont été complètement détruits.

Il y a des familles qui ont complètement disparues : le père, la mère, le grand-père, la grand-mère, tous les enfants et il n’y a plus personne à qui présenter les condoléances. Tous sont morts. C’est triste mais c’est la dramatique réalité. Par ailleurs, il y a un peu d’espoir. Les pécheurs pêchent de nouveau dans la mer avec beaucoup de résultats. Ils sont contents. Ils vont plus loin pour rapporter plus. Les écoles n’ouvriront pas sous bref car elles ne sont pas encore prêtes, surtout celles gérées par l’UNRWA des Nations-Unies. Notre école du patriarcat latin ne veut pas ouvrir tôt car nous avons accueilli mille palestiniens réfugiés et il faut du temps et de l’argent pour réparer et réhabiliter l’école.

Quel est l’état d’esprit, le sentiment qui domine aujourd’hui à Gaza ?

D’abord, il faut dire la vérité. Ils sont contents que la guerre soit finie. C’est une joie relative par rapport au pire qui existait auparavant. Mais lorsque cette joie passagère passe, les gens sont devant le résultat. Beaucoup sont sans maison, ils souffrent et les hôpitaux n’ont pas tout le nécessaire.

Il y a des milliers de personnes  qui vivent grâce aux repas offerts par les agences humanitaires comme la Caritas ou le Secours Catholique. Les gens sont aussi en attente d’une solution politique car si la guerre s’est finie par une trêve, il reste les négociations pour donner suite à ce qu’Israël et ce que Hamas demandent. On sait que ce seront des négociations très dures et nous avons peur que les mêmes causes conduisent aux mêmes résultats.

Est-ce que les gens à Gaza croient à la trêve, au cessez-le-feu ?

Ils la sentent. Ils espèrent qu’elle sera longue mais il y a beaucoup de scepticisme car il y a déjà eu trois guerres entrecoupées par trois trêves. La vie normale est devenue une constante entre la guerre et la trêve. Pour donner plus d’espoir aux gens, il faut qu’ils voient les résultats sur le terrain.

Vous avez aussi rencontré la communauté catholique sur place. Comment va-t-elle ? Est-ce qu’il y a encore des catholiques qui restent à Gaza ?

Oui, ils diminuent chaque année. Maintenant, ils sont à peine 163. Les chrétiens sont un peu plus de 1365. Tous songent de partir. Ils sont fatigués. Moralement, ils sont abattus. Les chrétiens plus que les autres. J’ai rencontré la communauté catholique. Nous avons aussi rendu visite à l’évêque orthodoxe de Gaza qui n’a pas abandonné Gaza durant les hostilités. Nous avons aussi visité l’hôpital anglican qui a soigné 4.000 blessés pendant la guerre avec un manque en carburant et en médicaments. Mais c’était très courageux de la part de cet hôpital de rester en fonction durant les semaines d’hostilité.

Donc même minoritaire, l’Église a un rôle à jouer à Gaza ?

Nous étions vraiment étonnés du témoignage donné, surtout par les musulmans disant qu’ils apprécient beaucoup le travail fait par l’Église catholique pour la distribution de médicaments, d’eau, de repas chauds et de couvertures. Prochainement, je pense qu’il faudra distribuer des tentes. L’hiver et la pluie s’approchent. Les gens ont besoin de tentes et ne peuvent pas dormir dehors. Ils ne peuvent pas rester dans les écoles de l’UNRWA car les écoles doivent fonctionner bientôt. Donc, il y a encore beaucoup d’aide humanitaire à apporter à Gaza. 








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