2014-08-28 18:51:00

Une « invasion russe » en Ukraine


(RV) Entretien - Le conflit ukrainien serait-il en fait une guerre entre Kiev et Moscou ? Des milliers de soldats russes combattent en Ukraine. L'information a été confirmée par des photos satellites de l'Otan, mais aussi par la présidente du Comité des mères de soldats russes, une association très importante en Russie, et par un chef séparatiste ukrainien, Alexander Zakhartchenko. Plus question donc, de soldats russes qui auraient traversé la frontière « par accident ».

C'est « une invasion directe des forces militaires russes » a dénoncé le président ukrainien Petro Porochenko, qui a annulé sa visite prévue en Turquie pour retourner à Kiev. Il a réuni d'urgence son Conseil national de sécurité et de défense. Et il sera reçu samedi par les présidents du Conseil européen et de la Commission, juste avant un sommet entre les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne.

Que peut faire l'Union européenne ?

Mais l’Ukraine demande plus : leur ambassadeur auprès de l’Union européenne veut « une aide militaire et technique d’envergure ». Peu probable que cela soit mis en place, selon Pierre Verluise. Il est docteur en géopolitique et directeur du site diploweb.com. Au micro de Christelle Pire, il explique que la crise ukrainienne montre une nouvelle fois que les Etats membres de l’Union européenne sont divisés, ce qui empêche l’Europe de mener une diplomatie commune.  

L’Union européenne s’est dite « très préoccupée » et « réaffirme l’urgente nécessité d’une solution diplomatique à cette crise ». Mais selon Pierre Verluise, l'Europe aura du mal à se mettre d'accord sur de nouvelles sanctions économiques. Bien que la Pologne, la Lituanie et les Pays-Bas sont favorables à un durcissement de la position de l'Union européenne, la France par exemple est plus frileuse à cause des mesures prises en retour par la Russie, comme l'embargo sur les produits alimentaires.

L'aide militaire viendra-t-elle de l'Otan ? 

Kiev a aussi demandé l'aide de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord. Face à l'invasion des troupes russes, les ambassadeurs des pays membres de l'Otan se réuniront en urgence vendredi matin à Bruxelles. Avec les Etats-Unis à sa tête et des moyens financiers plus importants, « l'Otan est plus en mesure de faire des mouvements de démonstration de force, comme la Russie l'a fait, de manière à limiter l'avancée des Russes » affirme Pierre Varluise. Le Conseil de Sécurité de l'ONU s'est aussi réuni jeudi soir.

Alors que la diplomatie mondiale s'active, les combats continuent en Ukraine. Quinze civils ont été tués jeudi dans les bombardements qui ont touché plusieurs quartiers du bastion prorusse de Donetsk, dans l'est. Les séparatistes ont aussi pris le contrôle mercredi de la ville frontalière stratégique de Novoazovsk, située à 100 km au sud de Donetsk. Kiev a décidé de relancer la conscription dès l'automne. 

La population de toute l'Ukraine souffre

Il y a quelques jours, le chef de l'Église gréco-catholique d’Ukraine publiait une lettre ouverte à propos de la situation dangereuse qui prévaut dans son pays. Cette lettre était adressée aux conférences épiscopales du monde entier, de même qu'aux autorités politiques. Selon Mgr Shevchuk, l’Ukraine est victime d’une agression militaire dont souffre la population tout entière, quelle que soit son appartenance religieuse ou sociale. Le silence et l’inaction de la communauté internationale risquent de provoquer d’autres tragédies. Ces jours derniers, après avoir tout fait pour éviter la guerre, Mgr Shevchuk a exhorté ses compatriotes à ne pas avoir peur de défendre leur patrie.  (Avec agences)








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