2014-08-24 10:37:00

Invitée : Madame Laetitia Yamon Sagno - Deuxième partie


(RV) Notre Invitée est encore une fois madame Laetitia Yamon Sagno, franco-guinéenne, Chargée de mission au sein du Centre d’Etudes et de Prospective Stratégique basé à Paris en France. Dans cette seconde partie de l’interview qu’elle nous a accordée, elle parle de thématiques qui sont au centre de leur organisation ainsi que de la vision pour le développement africain. On l’écoute au micro de Jean-Pierre Bodjoko: 

 

Dans la dernière livraison de la Newsletter du Centre d’Etudes et de Prospective Stratégique, vous avez signé un éditorial « Pour une Afrique qui gagne » où vous écrivez notamment « l’Afrique continue de bouger et nous voulons contribuer à son évolution », quel contenu donnez-vous à ces propos ?

Laetitia Yamon Sagno: Sur l’Afrique, il y a deux principales thématiques qui nous animent cette saison, de manière concrète et systématique : nous travaillons sur la thématique de la culture et de la paix sur le continent africain, et nous travaillons sur la promotion du leadership au sein de la jeunesse africaine. Et c’est une action et un travail que nous menons sur le terrain avec les principales organisations internationales : la première c’est l’UNESCO, et la deuxième, c’est l’OCDE. Il nous paraît important, avant de pouvoir mener des projets de développement, de penser à la paix et de la penser de manière concrète sur le  continent africain. Pour nous, cela implique de pouvoir associer toutes les parties prenantes. Ce n’est pas une réflexion qui doit être uniquement menée au sein des organisations internationales ou des instances gouvernementales, mais ça concerne aussi et surtout la société civile, c’ est-à-dire le secteur civil, les entrepreneurs mais aussi et surtout la jeunesse. On sait aujourd’hui, les statistiques le démontrent, que près de 70% de la population du continent africain a moins de 30 ans. Cette population, on sait aussi qu’elle a des carences en matière de formation, et en matière d’emploi puisque moins d’un jeune sur deux a un emploi stable. Nous voyons d’ailleurs les foyers de tensions faillite qu’il y a un peu partout sur le continent africain, nous savons que c’est le travail à la source doit se faire à ce niveau-là. L’implication dans la formation et dans l’emploi de cette jeunesse africaine, nous à notre échelle, à notre niveau, c’est ce que nous essayons de mettre en lumière, d’améliorer avec les organisations internationales et les différents gouvernements avec lesquels nous collaborons, en nous focalisant sur cette jeunesse.

 

Toujours dans votre éditorial, dans la Newsletter, vous écrivez : « l’Afrique qui gagnera sera celle qui réussira à passer le cap de l’industrialisation et de la diversification de son économie ». C’est donc, selon vous, la condition pour que l’Afrique puisse gagner ?

Laetitia Yamon Sagno: c’est l’une des conditions. Elle est essentielle. Je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une seule condition pour que l’Afrique puisse prendre son envol de manière pérenne. Malheureusement, la vente de la rente, ne permet pas à l’Afrique de se développer de manière pérenne. Nous savons que cette vente permet la croissance, cependant cette croissance ne permet pas le développement économique. Donc, tant que nous nous contentons d’exporter les ressources naturelles que nous avons sans les travailler,  ça ne permettra pas de pouvoir contribuer à la cohésion sociale, ça ne permettra pas de pouvoir créer ces emplois stables au sein du continent africain, ça ne permettra pas de pouvoir construire sur la durée et d’investir dans des secteurs-clé comme la santé, comme l’éducation. Donc, oui, ça passe déjà par l’industrialisation ; de pouvoir avoir  cette chaine industrielle et de pouvoir diversifier l’économie. Que tout ne soit pas focalisé uniquement sur le secteur agricole. Développer les services, développer le tourisme, peut être des pistes, ça peut être des solutions. Nous travaillons à ces solutions justement, parce que nous sommes en train de rédiger un ouvrage qui aura pour titre : « Afrique, que fais-tu de tes talents ? », où nous voulons dresser un constat, mais surtout donner des pistes, des solutions. Que peut-on faire en matière de santé ? en matière de formation ? en matière de sécurité etc… ?

 

Et quelle est la place de la femme dans l’Afrique qui gagne ?

Laetitia Yamon Sagno: Bonne question ! La place de la femme ? J’ai envie de dire, une place d’influence. C’est une place où la femme prend plus de responsabilités, une place où on reconnaît la femme comme un acteur à part entière du développement. Ça passe par un investissement un peu plus conséquent dans l’éducation et  la formation des femmes et faire en sorte aussi de leur permettre de pouvoir s’exprimer. En France et en Occident de manière générale, il y a eu plusieurs processus de l’évolution de la femme dans le développement des différentes régions. Des fois, c’est passé par un cadre législatif. Si ça  peut passer par-là, en Afrique, pour que ça puisse être le cas afin qu’on puisse mesurer à sa juste valeur l’importance de cet acteur du développement…

 

« Nous avons la capacité de pouvoir être acteurs de notre destinée et celle du continent africain »

Une dernière chose à ajouter comme mot de la fin?

Laetitia Yamon Sagno: Je voudrais vous remercier pour cette possibilité que vous nous nous avez donnée de nous exprimer sur cette antenne. Nous connaissons l’aura de Radio Vatican. Je pense que pour tous ceux qui sont amoureux, intéressés par tout ce qui se passe sur le continent africain, je crois que c’est la responsabilité sinon le devoir de chacun de pouvoir, à son niveau, quel que soit son domaine et son niveau de compétence, de pouvoir être l’acteur et non le spectateur du développement, et nous avons la capacité de pouvoir être acteurs de notre destinée et celle du continent africain.

Propos recueillis par Jean-Pierre Bodjoko

 

*Laetitia Yamon SAGNO  est Project Manager pour l’Afrique au  sein  du  Centre  d’Etude  et  de  Prospective  Stratégique (CEPS).  Organisation  internationale  non-gouvernementale  à caractère politique basée à Paris, comprenant 11 délégations à  travers  le  monde  et  partenaire  de  l’UNESCO, du Conseil de l’Europe et la Commission Européenne, OCDE.

Française  d’origine  guinéenne,  elle  est  titulaire d’un  Master  en  Science  Politique  (Panthéon-Assas)  et  d’un MBA en Management des Communications d’Entreprises (ISC Business  School). Son engagement en faveur de l’Afrique et des  problématiques  relatives  à  la  jeunesse  africaine  l’a emmenée à co-fonder en 2009 le collectif O.S.E.R L’Afrique qui a vocation à sensibiliser et fédérer les initiatives de jeunes en faveur du continent africain. Très impliquée sur le combat des idées auprès des jeunes, Laetitia SAGNO a contribué à la tenue du Forum de la Jeunesse pour l’Afrique (2010), à la publication du Carnet de la Jeunesse pour l’Afrique (2012) et au Forum international sur la culture de la paix en Afrique  avec  l’UNESCO (2012  et en 2013).  Depuis 2012, Laetitia SAGNO est Membre du Haut Panel de l’UNESCO sur la paix et le dialogue entre les cultures.








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