2014-08-22 15:41:00

L'extrémisme hindou dans les écoles du Gujarat


(RV) Face au regain du nationalisme hindou en Inde, l'Eglise ne cache pas ses inquiétudes. C'est le cas en particulier dans l'état du Gujarat, à l'Ouest du pays, dont l'ancien gouverneur, Narendra Modi est devenu premier ministre. Le Père Cédric Prakash, directeur de Prashant, le Centre pour les droits fondamentaux, la justice et la paix, à Ahmedabad, la capitale de cet état, tire la sonette d'alarme et dénonce l'introduction de l'extrémisme hindou dans les écoles. Selon ce jésuite, le gouvernement local a en effet introduit neuf manuels dans plus de 42.000 écoles primaires et établissements d’enseignement secondaire publics basés sur les principes identitaires, racistes et discriminatoires, propres des groupes radicaux hindous, fauteurs de haine et de violence. 

L'agence Fides fait état d’une circulaire datée du 30 juin 2014, dans laquelle les autorités du Gujarat ordonnent d’insérer dans les programmes d’études neufs manuels scolaires élaborés par Dinanath Batra, le fondateur du SBAS, une académie culturelle qui entend préserver la religion et la culture hindoue. Le SBAS est une référence idéologique des groupes violents qui promeuvent en Inde l’idéologie de l’Hindutva (prêchant l’Inde aux hindous). De telles forces, s'alarme le Père Prakash, « visent maintenant à manipuler le système éducatif public ».

Religions "non indiennes"

La publication de ces ouvrages avait été gelée au lendemain des élections au poste de premier ministre, mais à présent que Modi est à la tête du gouvernement, "ces livres sont aujourd’hui subrepticement introduits dans les écoles » explique le Jésuite. Ces ouvrages,  "sont remplis de mythes et de faussetés, de superstitions et de préjudices, présentent de très fortes distorsions et manipulations. Ils propagent une idéologie totalement contraire au patrimoine de la culture indienne, faite d’intégration, de pluralisme et de droits pour tous » rapporte le Père Prakash à Fides.

Selon lui, ces textes « violent les articles 28 et 29 de la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant en promouvant une idéologie raciste ». Ils parlent notamment de « nègres », enseignent la haine et les préjudices envers les occidentaux, accusant la langue anglaise d’avoir « pollué la culture indienne ». Ils dénigrent subtilement les minorités religieuses telles que musulmans et chrétiens et qualifient l’islam et le Christianisme de « religions non indiennes ».

L'Eglise reste vigilante

Tout en apportant son soutien au nouveau chef du gouvernement, l'Eglise indienne a néanmoins fait part de ses inquiétudes concernant les discriminations qui visent les minorités en particulier en ce qui concerne l'école. "Nous pensons qu’il est de la responsabilité du Premier ministre et du parti au pouvoir de faire respecter la Constitution, laquelle reconnaît la diversité des religions et permet à chacun d’exprimer et de vivre sa foi", déclarait en effet le président de la conférence épiscopale indienne, le cardinal Thottunkal le 19 août, au lendemain de sa rencontre avec Narendra Modi. 

De leur côté, le Père Prakash et les jésuites de Prashant invitent la société civile à « protester avec force » afin de ne pas permettre que les enfants indiens soient éduqués selon de tels principes pervers et violents et demandent le retrait l’immédiat de tels manuels dans les écoles publiques. (Avec Fides)








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