2014-08-09 18:21:00

Le « Black Day » mobilise l’Inde contre les discriminations


En Inde, ce dimanche est une journée de lutte contre les discriminations dont sont victimes certains intouchables. La date renvoie au 10 août 1950, où fut approuvé un article de la Constitution reconnaissant des droits aux hindous, bouddhistes et sikhs « hors castes », mais pas aux autres croyants.

L’objectif de cette journée est de faire pression sur le gouvernement indien pour mettre un terme à certaines lois introduites à partir de 1950 dans la Constitution du pays. Celles-ci concernent les dalits hindous, bouddhistes ou sikhs, excluant les dalits chrétiens, musulmans ou de toute autre religion. Les dalits sont les « intouchables », ces indiens qui n’appartiennent pas à l’une des quatre castes de la société indienne. Ils  représentent actuellement une communauté de 170 millions d’habitants, soit 17% de la population indienne. On estime qu’ils subissent près de 140 formes de discriminations basées sur le travail et leur origine de la part des castes dominantes.

Toutefois, le 10 août 1950, le président indien Rajendra Prasad accorde aux intouchables hindous des mesures de discrimination positive, notamment sociales et politiques – les intouchables peuvent alors être administrativement désignés par l'expression « scheduled classes » (classes répertoriées). Quelques années plus tard, les intouchables sikhs, puis bouddhistes, se voient eux aussi conférer les mêmes droits. Mais ce n’est pas le cas des dalits chrétiens, musulmans, parsis, etc.

Plus de justice pour les dalits chrétiens et musulmans

Pour beaucoup d’indiens, ces lois d’août 1950 sont contraires aux droits et libertés inscrits dans la Constitution. La situation est en effet paradoxale : la Constitution indienne, la plus longue du monde, a été rédigée en 1950 par le Dr. Ambedkar, un des rares dalits ayant, à l'époque, suivi des études supérieures. Elle abolit l'intouchabilité, proclame l’égalité devant la loi, garantit la liberté de conscience et de religion, et interdit toute discrimination fondée sur « la religion, la race, la caste, le sexe ». 

Selon le frère Devasagayaraj, secrétaire de la Conférence des Evêques Catholiques de l’Inde (CBCI), cela fait finalement « plus de 64 ans que les droits constitutionnels sont refusés aux dalits chrétiens et aux dalits musulmans, pour des critères religieux ». La CBCI, ainsi que le Conseil National des Eglises en Inde (NCCI) et le Conseil National des Chrétiens Dalits (NCDC) ont donc annoncé que ce dimanche 10 août serait un « Black Day », pour que le gouvernement indien mette un terme aux injustices dont souffrent les dalits chrétiens et musulmans. Mais la communauté chrétienne n’est pas la seule à réagir. Des commissions nommées par le gouvernement, des partis politiques nationaux ou régionaux reconnaissent que ces lois sont contraires à la Constitution et demandent qu’une plus large reconnaissance soit accordée aux dalits exclus. Trois Etats de la fédération indienne – le Bihar, l’Uttar Pradesh et l’Andhra Pradesh – sont déjà passés à l’action en accordant un statut identique à tous les dalits, quelque soit leur confession.

Toutes les Eglises chrétiennes indiennes sont invitées à participer à ce « Black Day ». Les communautés chrétiennes pourront participer à différentes initiatives  - messes, prières, jeûnes, réunions, manifestations, veillées - pour manifester leur solidarité et réclamer des changements. « Nos manifestations pacifiques et démocratiques continueront jusqu’à ce que l’on obtienne nos droits », assure la CBCI.








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