2014-08-08 14:53:00

Au Nigéria, des femmes kamikazes au service de Boko Haram


(RV) Une nouvelle attaque a été menée par les extrémistes islamiques de Boko Haram au nord-est du Nigéria. Dans la ville de Gwoza, des dizaines de personnes sont mortes et de nombreuses personnes ont été obligées de fuir vers le Cameroun. Ces dernières semaines, de nouvelles attaques ont été perpétrées contre les communautés chrétiennes. La plus grave d’entre elles est survenue dimanche 27 juillet, lorsqu’une jeune fille s’est fait explosée dans la paroisse de San Carlo à Kano, tuant quatre personnes. Il s’agit d’un nouveau modus operandi utilisé par les terroristes, comme l’explique le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, interrogé par Michele Raviart.

Quel est ce nouveau mode opératoire qu'utilise les terroristes ?

Les attentats perpétrés par Boko Haram et leurs sicaires, ceux qui placent les bombes dans les voitures et les font exploser, existaient déjà mais c’est la première fois qu’on voit des attentats-suicides de jeunes filles portant des bombes sous leurs longs vêtements. C’est préoccupant car là-bas, tout le monde porte de longs vêtements.

Quelle est la situation générale des chrétiens, dans un moment où Boko Haram semble s’étendre au Nord ?

Nous n’avons pas peur d’être chrétiens. Nous savons que les églises sont prises pour cibles et nous faisons notre possible pour les protéger, sans toujours y parvenir. Par exemple, nous ne pouvions pas imaginer qu’une jeune fille devant une église puisse avoir de l’explosif sur elle ; maintenant, nous le savons et nous devons prendre de nouvelles mesures à l’égard de toute personne qui passe, avec tous les inconvénients que cela peut comporter. J’ai toujours dit que nous, les chrétiens du Nigéria, nous sommes une partie intégrante de la communauté nationale qui subit ces attaques. Mais nous ne sommes pas la cible unique, les marchés et les institutions du gouvernement sont également visés.

Boko Haram vous semble t’il plus fort en ce moment?

Notre gouvernement dit toujours qu’il est en train de vaincre la guerre contre Boko Haram, mais leurs résultats laissent penser le contraire, car ils sont toujours capables de frapper. Tout le monde sait que lorsqu’ils frappent une église, cela fait la Une mais ce n’est pas le cas lorsqu’ils s’en prennent aux villages du nord-est. Après plus d’un an de régime d’urgence, je m’émerveille du fait qu’ils résistent encore et qu’ils continuent à semer le désordre et la tragédie. Nous devons être surs que le gouvernement soit vraiment à la hauteur de la situation mais malheureusement, il semble avoir d’autres préoccupations sur le plan politique : les élections qui auront lieu l’année prochaine. Dans les journaux, les nouvelles concernant Boko Haram occupent seulement quelques lignes alors que les nouvelles qui occupent la première page, celles écrites en gros caractères, sont celles qui concernent la politique.

On parle également d’un “exode” du Nigéria au Cameroun à cause des violences de Boko Haram…

C’est le résultat du désordre qui éclate dans la région frontalière du nord-est, presque entièrement contrôlée par les terroristes qui agissent librement. Il semble que la population soit mieux défendue par les forces de l’ordre camerounaises que par les forces de l’ordre nigériennes. C’est pour cette raison qu’ils traversent les frontières qui sont uniquement politiques parce que les gens sont issus de la même ethnie. Même sans Boko Haram, ils se déplacent librement entre les deux pays mais maintenant, ils saisissent l’occasion pour s’installer au Cameroun parce qu’ils y espèrent être mieux défendus que dans les villages perdus du Nigéria, que les forces de l’ordre nigériennes semblent ne pas réussir à contrôler.








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