2014-08-01 07:48:00

Le conflit à Gaza tend à isoler Israël sur la scène mondiale


(RV) Entretien - Une respiration pour les Gazaouis, un fragile espoir pour une trêve durable. Une trêve humanitaire de 72 heures est en vigueur depuis ce vendredi matin dans la bande de Gaza. L’annonce a été faite jeudi par John Kerry et Ban-Ki Moon. Israël et le Hamas en ont accepté le principe. Tsahal continuera toutefois ses opérations défensives au sol, à savoir, la destruction des tunnels du Hamas.

Dans le même temps, des discussions entre délégation israélienne et palestinienne doivent débuter au Caire. De nombreuses personnalités réclamaient un cessez-le-feu, notamment Mgr William Shomali, l'évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem.

Le bilan de ce conflit a dépassé celui de l’opération Plomb durci, en 2008-2009. On compte 1450 morts côté palestinien. Côté israélien, 61 soldats  sont tombés, et 3 civils ont été tués. 

Qui est en position de force à l’heure actuelle ? Quelles sont les options pour les belligérants et pour la communauté internationale en ces heures graves ?

Autant de questions que Manuella Affejee a posées à Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur le conflit israélo-palestinien.

Militairement, sur le terrain, il ne fait pas de doute que c’est Israël qui a la plus forte puissance de feu et qui a le plus de militaires entrainés sur le terrain qui font face à une guérilla. Mais au plan diplomatique et certainement aussi de l’opinion publique internationale, c’est le Hamas qui a le plus de soutien. Chaque journal télévisé fait baisser encore plus le soutien international à Israël avec des images de carnages, d’effusion de sang et d’enfants morts et mutilés qui sortent de Gaza. Je pense que Mohammed Deïf, le chef de la branche militaire du Hamas n’a aucun intérêt, à ce stade, à accepter un cessez-le-feu.

Benjamin Netanyahu l’a affirmé, la destruction des tunnels du Hamas est une condition sine qua non pour un cessez-le-feu. Le problème, c’est que l’existence de ces tunnels est connue depuis longtemps. Pourquoi Israël a-t-il attendu d’agir maintenant ?

Effectivement, l’année dernière, l’état major composé de plusieurs généraux a rendu un rapport au gouvernement de Monsieur Netanyahu signalant l’existence d’au moins 38 tunnels offensifs, conduisant de Gaza au territoire israélien, la plupart à proximité de kibboutzim ou de localités israéliennes. Monsieur Netanyahu était probablement occupé ailleurs, par l’Iran, par son problème politique avec Mahmoud Abbas, le chef de l’autorité autonome et toute cette affaire a été laissée de côté.

 

On parle d’Israël, on parle du Hamas. Et l’autorité palestinienne dans tout cela ? Qu’en est-il de Mahmoud Abbas ? Dispose-t-il encore de sa crédibilité ? Quelle est sa marche de manœuvre aujourd’hui ?

Sa marche de manœuvre est celle que la Communauté Internationale est prête à lui laisser, c’est-à-dire peu de choses. Dans sa première initiative pour un cessez-le-feu, John Kerry avait complètement oublié l’autorité palestinienne. Et à l’heure actuelle, les seuls qui exigent la présence de l’autorité autonome de Mahmoud Abbas dans les négociations pour un cessez-le-feu, ce sont des Égyptiens. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle aucun accord n’est possible pour l’instant. En effet, l’Égypte du général Al-Sissi qui considère le Hamas comme un ennemi et comme un adversaire des forces égyptiennes exige que la délégation qui devrait venir discuter de la trêve ou de l’arrêt des combats arrive avec le Hamas, le djihad et sous la houlette de Mahmoud Abbas. Donc, actuellement, tout est bloqué et il appartient certainement à la communauté internationale de relancer un processus de paix réel, imposé ou non entre Israël et ceux qui, du côté palestinien, sont prêt à une solution à deux États, c’est-à-dire l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), Mahmoud Abbas et l’autorité autonome. Mais la droite israélienne a toujours préféré des accords militaires avec le Hamas, qu’il s’agisse de cessez-le-feu ou d’échange de prisonniers, plutôt qu’un accord politique avec l’OLP et avec le Fatah qui implique des concessions territoriales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est dont la droite israélienne ne veut pas.

 

Vous dites qu’il faudrait éventuellement un cessez-le-feu mais de quels moyens la Communauté Internationale dispose t’elle pour le faire ?

Tout ce que je sais, c’est que je vois une situation qui se détériore et  qui va à se détériorer avec encore plus de morts et avec une situation catastrophique qui se projette parmi les communautés musulmanes et juives en Europe et qui suscite également pas mal d’agitations aux États-Unis. Pour ne pas parler de l’Amérique du Sud dont au moins cinq pays ont déjà rappelé leurs ambassadeurs à Tel-Aviv. Si la communauté internationale ne fait pas pour le Proche-Orient, ce qu’elle a fait pour le conflit en Yougoslavie, elle continuera d’en payer le prix.   

 








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