(RV) Le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux a envoyé un message aux musulmans à l’approche de l’Aid el Fitr qui marque la fin du ramadan. Cette fête aura lieu le 28 juillet. Ce message, signé par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et son secrétaire le père Miguel Ayuso Guixot, a pour titre : «Vers une authentique fraternité entre chrétiens et musulmans ». Il rappelle que, membres d’une meme famille humaine créée par Dieu, chrétiens et musulmans sont appelés à travailler toujours plus pour le dialogue, la justice et la paix, en particulier dans les zones de conflits, où la religion est instrumentalisée.
Nous avons joint le cardinal Jean-Louis Tauran qui revient sur les grandes lignes
de ce message :
Nous sommes tous des êtres créés. Nous nous reconnaissons comme frères et sœurs de la grande famille humaine. Alors, face aux situations dramatiques et à l’incertitude de l’avenir, nous reconnaissons nos frères et sœurs musulmans, et l’avenir dépend de la cohésion de cette famille humaine, de la collaboration entre ces deux religions. Nous sommes partis de diverses situations où les chrétiens et les musulmans vivent ensemble et souffrent ensemble. D’ailleurs, il y a cette très belle citation du discours du Pape à Kaduna, en1982, lorsqu’il dit : « nous sommes vivants sous le même soleil, nous adorons le Dieu unique ». Je crois que c’est important, cette fraternité entre musulmans et chrétiens, parce qu’elle est la preuve que les religions ne sont pas l’origine des situations d’incompréhension, des fermetures dont nous sommes témoins. Les religions prônent très souvent la paix, le dialogue et la fraternité. Le problème, ce sont leurs adeptes. Nous devons continuer plus que jamais ce dialogue et ne jamais manquer une occasion de construire des ponts, là où nous vivons.
Justement, vous écrivez « Travaillons ensemble pour construire des ponts de paix et
promouvoir la réconciliation, en particulier dans les régions où chrétiens et musulmans
souffrent ensemble des horreurs de la guerre ». Des mots qui ont évidemment une résonnance
particulière, ces jours-ci, avec ce qui se passe notamment en Irak. Quel est le regard
que vous portez sur la situation dans ce pays ?
C’est un regard plein d’appréhension. On ne peut qu’être scandalisé quand on voit
la manière dont les droits les plus fondamentaux de la personne humaine sont bafoués.
Cette haine détruit tout ce que l’on a construit au prix de tant de sacrifices et
c’est une chose qui est très triste. Nous ne souhaitons que renouveler dans leurs
convictions, grâce au Ramadan, nos frères musulmans, qu’ils sachent trouver les voix
qui leur permettent de s’unir à tous ceux qui s’efforcent à faire prévaloir le respect
et la générosité sur la haine et la violence. La fraternité nous fait aussi un devoir
de prier pour les responsables des sociétés afin que se dilate dans leurs cœurs, la
sagesse et l’intelligence nécessaires pour résoudre ces problèmes.
Dans cet océan de violences, Éminence, on a parfois la tentation de renvoyer chacun
un peu dans son camp. En quoi, les chrétiens comme les musulmans, peuvent s’apporter
une espérance commune et se conforter face à toute cette violence ?
Tout d’abord, dans la vie de chaque jour. Dans la vie de chaque jour, les chrétiens
et musulmans vivent ensemble et travaillent ensemble. Le problème, c’est lorsque les
idéologies viennent perturber ce climat. C’est alors dans la famille, à l’école, à
l’Église, dans la mosquée qu’on doit distiller ces valeurs que sont le respect de
la personne humaine, le respect de la vie, le respect de la propriété d’autrui. Et
puis aussi, pour les responsables des sociétés, suivre le droit international. Nous
avons un patrimoine de conventions qui permet de résoudre tous les problèmes, sans
avoir à utiliser les armes.
Éminence, est-ce que vous avez le sentiment que les idéologies dont vous avez parlé,
gagnent du terrain, aujourd’hui, en particulier au Moyen-Orient ?
Oui, sans doute, il y a une radicalisation des positions qui est très dangereuse.
En ce moment, on se trouve dans une impasse. Au lieu d’avancer, on recule. Et moi
je crois toujours à la force du droit international qu’on ne met pas assez en valeur.
Si on a pris des engagements, il faut les tenir. Je crois que nous, comme croyants,
nous avons deux instruments magnifiques que Dieu nous a donnés : l’intelligence pour
comprendre et le cœur pour aimer. Je crois qu’avec cela, on peut transformer le monde
mais il faut qu’on soit tous ensemble.
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