(RV) Un déplacement en Terre Sainte du 24 au 26 mai dernier riche en rencontres avec
les autorités religieuses et politiques ; quinze jours plus tard, un moment historique
d’ « invocation pour la paix » au Vatican, aux côtés des présidents israélien Shimon
Peres et palestinien Mahmoud Abbas. Ces derniers mois, le Pape François n’a pas ménagé
ses efforts pour que la paix revienne enfin au Proche-Orient. Et pourtant, c’est plutôt
le terme « échec » que l’on prononcerait pour en définir le résultat, au vu de l’escalade
de la violence et de l’absence de dialogue entre Israël et la Palestine. Mais raisonner
ainsi revient à emprunter un raccourci intellectuel spécieux, auquel le rabbin Abraham
Skorka refuse de recourir.
Celui que l’on décrit souvent comme un des meilleurs
amis du Pape François ne cache pas sa « profonde, intense douleur » devant l’évolution
de la situation en Terre Sainte depuis le voyage papal. Sur le site Vatican Insider,
il affirme toutefois que ce qui « est en train de se passer ne certifie en aucun
cas l’échec de l’initiative du Pape François, à laquelle j’ai moi aussi participé
[Skorka est en effet l’un des inspirateurs du voyage du Pape en Terre Sainte]. Au
contraire, cela confirme de façon dramatique qu’il faut continuer de produire encore
plus de gestes de rencontre pour que le courage prévale sur la haine irrationnelle
».
Méprise sur le sens de la rencontre pour la paix au Vatican
Le
Recteur du Séminaire rabbinique latino-américain revient ensuite sur la visite au
Vatican. Pour lui, « la rencontre pour la paix n’avait pas pour objectif de parvenir
à un accord immédiat. Toute personne l’ayant interprété de cette façon n’a pas compris
ce qu’il se passait. » Alors, quel en était le but ? « Prier ne met pas
fin aux situations de conflit, explique le rabbin. C’est pour cela que les actions
sont utiles ; mais la prière a la force d’inspirer les changements de mentalité qui
certainement, avec la bénédiction de Dieu, permettront la construction d’un monde
meilleur ».
Face à la situation actuelle au Proche-Orient, Abraham Skorka
prône d’abord une réaction verbale, insistant sur la nécessité de « critiquer
cette violence dans les termes les plus véhéments ». D’après lui, « la presse
mondiale ne fait qu’empirer les choses lorsqu’elle ne fustige pas toutes ces manifestations
de haine avec les épithètes les plus durs du vocabulaire humain ». Le rabbin
rappelle ensuite l’urgence de « parvenir à un cessez-le-feu immédiat et de diminuer
le niveau d’agressivité » extrême atteint par les deux parties. Il réclame également
un engagement plus grand de la part des gouvernements. « Il faut d’abord que
toutes les parties impliquées, tant les palestiniens que les israéliens, ainsi que
les gouvernements qui ont des rapports et des intérêts avec eux, prennent un engagement
sincère [en faveur de] la vie de tous ceux qui habitent dans la région », conclut
Abraham Skorka.
Photo: le rabbin Skorka et le Pape François au mur
occidental à Jérusalem