Le ministre soudanais des Affaires religieuses, Shalil Abdullah, a annoncé ce dimanche
13 juillet que le gouvernement bloquerait désormais les permis relatifs à la construction
de nouvelles églises. Une décision que le ministre a justifié par le fait que la communauté
chrétienne au Soudan s’est fortement réduite suite à la sécession du Soudan du Sud
dont provient la majorité des chrétiens qui vivaient à Khartoum.
Le Secrétaire
général du Conseil des Eglises du Soudan (SCC), Kori El Ramli, a immédiatement réagi
sur une radio soudanaise (Radio Tamazuj), affirmant que la décision du ministre contredisait
la constitution du pays. Il a précisé que, d’après la constitution, les chrétiens
soudanais bénéficiaient de la liberté de culte et d’opinion, au même titre que n’importe
quel autre citoyen du pays.
Des chrétiens gravement menacés
L’Eglise
catholique au Soudan s’est récemment plainte des discriminations subies par les chrétiens
vivant dans le pays. « La situation juridique des chrétiens au Soudan est véritablement
préoccupante » a affirmé, au cours d’une récente visite au siège central de la
Fondation de droit pontifical Aide à l’Eglise en Détresse, Mgr Eduardo Hiiboro Kussala,
Evêque du Diocèse sud-soudanais de Tambura-Yambio. Depuis l’indépendance du Soudan
du Sud, en juillet 2011, près d’un million et demi citoyens originaires du sud ont
été contraints à quitter le Soudan, parmi lesquels de nombreux chrétiens.
Une
note envoyée à l’Agence Fides rappelle que, « bien que la Constitution garantisse
des droits égaux à tous les soudanais, sans aucune distinction de credo, les chrétiens
sont considérés et traités comme des citoyens de deuxième classe ». « Les membres
du clergé ne peuvent obtenir de passeport et lorsqu’ils quittent le pays, ils ne savent
jamais s’ils pourront y retourner. De nombreux prêtres ont été expulsés et les Evêques
sont contraints au silence parce qu’ils ne peuvent exprimer librement leurs opinions
propres » a expliqué Mgr Kussala.
Les plus vulnérables sont les simples
fidèles, comme dans le cas de Meriam Yahia Ibrayim Ishaq, la jeune femme condamnée
à mort pour apostasie le 15 mai dernier. « La foi de Meriam était bien connue de
tous, rappelle l’Evêque, mais un jour, à l’improviste, la jeune femme a été menacée
puis condamnée et le gouvernement n’a agi en aucune manière, laissant que ce soit
les responsables islamiques à décider de l’avenir de cette jeune femme ». Meriam
a ensuite été libérée suite à de fortes pressions internationales mais elle a été
contrainte à quitter le Soudan. La soudanaise reste pour l’instant réfugiée à l’Ambassade
des Etats-Unis.