(RV) La situation juridique des chrétiens est très inquiétante au Soudan, selon un
évêque catholique. Dans une interview à la fondation Aide à l’Eglise en détresse,
Mgr Kussala, évêque de de Tambura-Yambio au Soudan du Sud affirme que les chrétiens
sont considérés et traités comme des citoyens de seconde zone, même si la Constitution
stipule l’égalité des droits sans distinction de religion.
Selon le prélat,
les membres du clergé ont du mal à obtenir un passeport et quand ils parviennent à
sortir du pays, ils ne savent jamais s’ils pourront y retourner. De nombreux prêtres
ont par ailleurs été expulsés et les évêques sont réduits au silence. « Au Soudan,
les évêques et les prêtres vivent de fait comme des personnes illégales depuis l’indépendance
du Sud-Soudan» déplore Mgr Kussala. Si les chrétiens sont autorisés à assister aux
célébrations liturgiques, mais les autorités de Khartoum ne défendent pas la liberté
religieuse. Mgr Kussala cite le cas de la soudanaise, Meriam, condamnée à mort pour
apostasie, alors que cette jeune femme, qui n’a presque pas connu son père musulman,
a été élevée par sa mère dans la foi chrétienne et ne s’est donc jamais convertie.
Le gouvernement de Khartoum a laissé les leaders islamiques décider de l’avenir
de cette femme et ce n’est que sous la pression internationale qu’elle a été libérée,
après avoir été contrainte d’accoucher en prison. Avant le verdict, un chef religieux
musulman avait en vain cherché à la convaincre à se convertir à l'islam. La discrimination
à l’encontre des chrétiens n’est pas un fait nouveau au Soudan, mais depuis la partition
du pays en 2011, la situation s’est aggravée dans la partie Nord. L’Eglise catholique
qui s’était prononcée en faveur de la création du Soudan du Sud est aujourd’hui considérée
comme responsable de cette division. D’autant qu’elle ne cesse d’exhorter le gouvernement
à garantir la liberté religieuse et de conscience.(Avec AED)
Photo: des
chrétiens dans une paroisse de Haji Yusuf, dans la banlieue de Khartoum