(RV) Entretien - Le pouvoir à Kinshasa reproche aux évêques congolais de lui
faire un « procès d’intention en affichant son opposition à toute révision constitutionnelle
». Ces déclarations du gouvernement de la République Démocratie du Congo font suite
à un message publié à l’occasion de la 51ème Assemblée Plénière de la Conférence Episcopale
Nationale du Congo (CENCO).
Dans ce texte intitulé « Pour un processus électoral
apaisé et porteur d’un avenir meilleur », les évêques de RDC saluent « tous les
efforts de reconstruction du pays entrepris par le gouvernement, notamment la maîtrise
de l’inflation, l’augmentation du taux de croissance, l’assainissement du climat des
affaires » mais parallèlement, les évêques rappellent aux gouvernants la position
de la CENCO au sujet de la non-modification de la Constitution, en particulier concernant
« ses articles verrouillés qui échappent à toute révision . C’est le cas de l’article
220 » précisent-ils.
L'article 220 concerne notamment le nombre et la durée
des mandats du Président de la République. Le mandat présidentiel en RDC étant limité
à 5 ans et renouvelable une seule fois, le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis
2001, ne peut plus briguer un nouveau mandat. Le gouvernement a aussitôt précisé qu’il
n’était pas question d’un quelconque projet de révision et fustige la prise de position
de l’Eglise, expliquée à Olivier Bonnel par Mgr Nicolas Djomo, président de la
Conférence épiscopale nationale du Congo.
« Ce n’est
pas un procès d’intentions. Nous savons que le débat est ouvert. On a beaucoup parlé
depuis des mois au sein de la classe politique, au sein de la population congolaise.
On dirait qu’il y a des nuages, un tonnerre qui gronde. C’est donc une réalité. Le
débat est ouvert. Tout le monde en parle et les évêques, en éveillés de conscience,
interviennent pour donner leurs points de vue. Ce n’est pas un procès d’intentions
car il s’agit d’une situation réelle qui préoccupe actuellement les congolais et ils
en parlent. Nous, nous sommes en train de parler de principes. En fait, nous ne parlons
que de ce qui est écrit dans notre Constitution qui a été adoptée par le peuple congolais.
Ce n’est pas une question de personnes mais c’est une question de principes, c’est-à-dire
sauvegarder l’avenir du pays, stabiliser notre pays vers la démocratie, vers l’Etat
de droit. Un pays qui se donne des institutions solides est un pays qui peut aller
vers le progrès.
À mesure que l’on s’approche des échéances électorales,
on a le sentiment qu’il est de plus en plus difficile de dialoguer avec le pouvoir
à Kinshasa. Est-ce que vous partagez cette analyse ? D’un autre côté, déjà
en 2012 et au moment des élections de 2011, les évêques étaient les premiers à contacter
tous les principaux états-majors de Kinshasa pour leur parler de la nécessité d’établir
un dialogue national pour l’intérêt de notre pays. Nous n’avons cessé de le rappeler.
Il est très important de maintenir un climat de dialogue de façon à débattre sereinement
des questions concernant l’intérêt du pays, pour l’avenir de notre pays. Nous continuerons
à demander aux uns et aux autres de rester sereins et d’autoriser un débat national
serein et qui puisse intéresser tout le monde. Et cela constitue une garantie pour
que nous puissions aller de l’avant. Nous ne fatiguerons pas de travailler afin que
le débat puisse constamment se maintenir. »
Dans leur message les
évêques congolais souhaitent par ailleurs que la « célébration du 54ème anniversaire
de l’indépendance du pays apporte à tous un sursaut patriotique et un réel engagement
pour réussir le pari de bâtir un pays plus beau qu’avant et d’assurer la grandeur
de la RD Congo ».