« Il n'y a pas de place dans l'Eglise pour ceux qui commettent les abus sexuels »
(RV) Lundi matin, le Pape a célébré la messe en la chapelle Sainte-Marthe devant six
victimes de prêtres pédophiles venus d'Allemagne, d'Irlande et du Royaume-Uni, et
devant les membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans
son homélie, le Pape François a condamné fortement « les crimes et les graves péchés
» commis par « des prêtres et des évêques qui ont violé l'innocence de mineurs
et leur propre vocation sacerdotale. [...] Je demande la grâce de pleurer devant les
actes exécrables d'abus perpétrés contre des mineurs » a-t-il ajouté. « Depuis
longtemps, je sens dans mon cœur une douleur profonde, une souffrance, tant de temps
cachée, dissimulée avec une complicité qui n'a pas d'explication, jusqu'à ce quelqu'un
sente le regard de Jésus, et un autre la même chose, et un autre la même chose...
et ils ont eu le courage de soutenir ce regard » a développé le Pape, sortant
par moment du texte qu'il avait écrit. Le compte-rendu de Jean-Baptiste Cocagne
François est
parti de l'image de Pierre qui, après avoir renié Jésus, croise son regarde et pleure
: « aujourd'hui, votre regard m'arrive au cœur, a dit le Pape, celui de
tant d'hommes et de femmes, de garçons et de filles ; je sens le regard de Jésus et
je demande la grâce de pleurer, la grâce que l'Eglise pleure et répare pour ses fils
et filles qui ont trahi leur mission et qui ont abusé de personnes innocentes ».
En parlant de ces abus, François a précisé que ce sont « plus que des actes répréhensibles,
c'est un comme un culte sacrilège car ces enfants ont été confiés au charisme sacerdotal
pour être amenés vers Dieu, et eux les ont sacrifiés à l'idole de leur concupiscence
[...] Il n'y a pas de place dans le ministère de l'Eglise pour ceux qui commettent
ces abus » a-t-il affirmé sans détour.
« Votre témoignage a été un
service d'amour »
Conscient des blessures laissées par de tels actes, le
Pape François a alors explicitement demandé pardon, « pardon aussi pour les péchés
d'omission des responsables de l'Eglise qui n'ont pas répondu correctement aux dénonciations
d'abus. [...] Cela amène une souffrance supplémentaire à ceux qui ont été abusés et
a mis en danger d'autres mineurs qui étaient en situation de risque. D'autre
part, le courage que vous et d'autres ont démontré en disant la vérité a été un service
d'amour en nous apportant de la lumière sur une terrible obscurité dans la vie de
l'Eglise ».
François a aussi remercié ces victimes de leur présence au
Vatican lundi matin : « votre présence, ici, parle du miracle de l'espérance qui
prévaut contre la plus profonde obscurité. C'est sans aucun doute un signe de la miséricorde
de Dieu qu'aujourd'hui nous ayons l'opportunité de nous rencontrer, d'adorer Dieu,
de nous regarder dans les yeux et de chercher la grâce de la réconciliation ».
S'assurer
la meilleure protection des mineurs possible
Aux familles qui ont dû souffrir
également de la « terrible tragédie du suicide d'un être cher » après les blessures
laissées par les abus sexuels, le Pape a voulu leur offrir ses « sentiments d'amour
et de douleur : « vous et tous ceux qui ont souffert d'abus de la part du clergé
sont aimés par Dieu ».
Enfin, le Pape a tenu à s'engager à « ne plus
tolérer de personne le mal infligé à un mineur, indépendamment de son statut clérical.
[...] D'autre part, nous serons aussi vigilants dans la préparation pour le sacerdoce.
Je compte sur les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs,
de tous les mineurs, appartenant à n'importe quelle religion, ce sont des petits que
Dieu regarde avec amour ». François a demandé l'appui des victimes présentes à
la messe pour « s'assurer que nous disposions des meilleures politiques et procédures
dans l'Eglise universelle » pour protéger les mineurs.