(RV) Entretien - Opération portes-ouvertes ce samedi en France. Les églises
du pays seront ouvertes au grand public toute la nuit à l’occasion de la quatrième
édition de la Nuit des églises.
L’année dernière, 660 clochers avaient participé
à cet événement. Au programme : des visites nocturnes, des temps de prière, mais aussi
des performances artistiques.
L’objectif est double : que les communautés chrétiennes
se réapproprient leur église ; et que les visiteurs puissent découvrir ces lieux de
vie et les richesses du patrimoine chrétien.
Exemple dans l’Yonne, avec l’abbaye
de Pontigny. A l’occasion de son 900ème anniversaire, elle participe pour la première
fois à la Nuit des églises et sera ouverte gratuitement toute la nuit. Odile Monseu
étudie l’art et la théologie. C’est elle qui organise l’événement dans cette abbaye
cistercienne
Propos recueillis
par Christelle Pire
Pour connaître la liste des monuments participants, rendez-vous
sur www.narthex.fr
De 19h30 jusque 07h30, il va y avoir tout un enchainement
de conférences qui portent sur la lumière ou l’acoustique mais aussi des concerts
de musiques, soit déjà composées, soit improvisées. On aura de la dance qui sera proposée
à différentes reprises sur la liturgie des heures et qui a été créée exclusivement
pour l’évènement. On va avoir également des lectures et une performance qui mettra
en jeu différents sens : le toucher, l’odorat, etc. À la fin de ce programme, il y
aura la célébration d’une messe dont la musique a été composée pour l’abbatiale par
un musicien.
Qu’est-ce que cette visite nocturne va apporter aux visiteurs
? Je pense que ça va les surprendre, ça va les toucher et j’aimerais que ça
leur permette de découvrir la spiritualité chrétienne par l’art en se disant que les
sentiments et le ressenti peuvent avoir un certain sens d’un point de vue spirituel.
Pas forcément à passer le message chrétien mais à avoir un ressenti, quelque chose
de porteur qui permette de rentrer en relation avec d’autres personnes par le biais
de l’art.
Est-ce que la Nuit des églises est seulement destinée aux chrétiens
? Non, pas du tout. Ni pour ce qui est des artistes, ni pour ce qui est des
spectateurs. D’une part, parce que c’est un lieu ouvert, un évènement absolument gratuit
et ensuite, je pense qu’on peut partager quelque chose d’esthétique et une expérience,
sans nécessairement avoir une foi commune. Je crois que ça dépasse le domaine de la
foi ou de la religion. Je pense qu’on peut très bien être athée et vivre quelque chose
de très fort, cette nuit-là.
Vous parlez de quelque chose de très fort.
À quoi vous attendez –vous pour cette Nuit des églises ? Ça, si je pouvais
le prévoir. Je crois que ça va vraiment être une surprise, pour moi aussi. Il va y
avoir quelque chose de l’ordre de l’émerveillement. Je crois qu’on va être peut-être
un peu chamboulé, déplacé de nos positions a priori. En fait, j’aimerais que chacun
réussisse à s’investir dans l’évènement. J’ai essayé que toutes les personnes qui
m’ont prévenue à l’avance de leur venue puissent mettre la main à la pâte, participer,
proposer une forme artistique et du coup, être à la fois spectateur et créateur pour
cette nuit-là. Donc, quelque chose de très convivial, ça c’est sûr et de très simple.
Je ne peux pas me mettre à la place de chacun mais j’espère qu’il y aura en tout cas
de l’émerveillement.
Est-ce que préparer cette Nuit des églises a eu un
impact sur la communauté religieuse qui vit autour de l’abbaye ? Oui et pas
que religieuse, je pense. J’ai senti une proximité très forte avec les personnes du
village, que ce soit les prêtres, les paroissiens ou toutes les personnes autour.
Il y a un vrai partenariat qui est en train de se créer, par exemple la boulangère
qui va nous donner des petits pains pour bien moins chers pour pouvoir déjeuner tous
ensemble. On a des personnes qui font de l’éclairage qui viennent du coin et qui vont
enluminer toute l’Église. Chacun peut prendre part à une partie du programme. On a
un atelier d’écriture qui a été mené dans le village avec des personnes du village
pour ensuite être lu pendant la nuit des Églises. Donc, je crois que chacun, à sa
mesure, peut se saisir de cela. C’était le pari qu’on s’était fait et ça a vraiment
marché. Et je sens une impatience dans le village. C’est très agréable.