(RV) Encore des morts en Méditerranée. Des corps sans vie ont été retrouvés dans la
nuit de dimanche à lundi au large de la Sicile, à bord d’une embarcation qui transportait
590 migrants. Entassés dans la partie avant du bateau, la plus étroite, ils sont probablement
morts asphyxiés, en raison du manque d’espace. A Rome le centre Astalli, dirigé par
les Jésuites, presse l’Europe d’intervenir. Il souligne dans un communiqué que cette
nouvelle tragédie montre clairement dans quelles conditions voyagent les personnes
fuyant les guerres et les persécutions. On ne meurt pas seulement à cause des tempêtes
et des mauvaises conditions climatiques, s’insurge le père Giovanni La Manna, président
du Centre, mais aussi à cause du surpeuplement d’embarcations toujours plus délabrées
sur lesquelles des passeurs sans scrupules entassent des centaines de personnes, contraintes,
qui plus est, de débourser des sommes considérables. Une expérience qui laisse des
traces parmi les rescapés, parfois plus douloureuses que les traumatismes qu’ils ont
subis dans leur pays d’origine.
Créer des couloirs humanitaires pour les
demandeurs d'asile
Le Centre Astalli réaffirme l’urgence de créer des couloirs
humanitaires sûrs pour les demandeurs d’asile ; il critique la passivité des institutions
de Bruxelles ; quant à l’opération Mare Nostrum, lancée par l'Italie à l'automne 2013,
elle ne représente, selon les jésuites, qu’un premier pas. Il faut trouver d’autres
solutions pour protéger les victimes innocentes des guerres et des persécutions. Si
l’Union européenne ne trouve pas dans de brefs délais une réponse efficace à cette
tragédie, avertit encore le père La Manna, cela voudra dire qu’elle est réduite à
une assemblée d’Etats incapables d’avoir une vision commune au-delà de leurs frontières
et dont le seul souci est de veiller à leurs intérêts nationaux. Faut-il en déduire
que l’Union européenne a renoncé aux valeurs qui sont à l’origine de sa création ?
Le débarquement des corps des victimes de ce nouveau drame est prévu mardi
matin dans le petit port de Pozzallo qui ne parvient plus à faire face à l’afflux
d’immigrés. Les centres d’accueils sont tous remplis. Pendant le week-end, la marine
militaire italienne a réussi à secourir 5.000 migrants. Depuis le début de l'année,
selon les autorités, plus de 65.000 migrants et réfugiés, fuyant les guerres ou la
pauvreté, ont débarqué en Italie. Le record de 2011, où le nombre de migrants avait
atteint les 63.000 personnes en raison des printemps arabes, pourrait donc déjà être
dépassé, alors que l'été ne fait que débuter et que le beau temps pourrait inciter
des dizaines de milliers d'autres réfugiés à tenter la traversée. L'Italie a obtenu
un renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, et
des aides supplémentaires pour gérer l'afflux de migrants. Mais elle voudrait de l'Union
européenne, et en particulier des pays du nord de l'Europe, une plus grande solidarité
dans l'effort d'accueil des immigrés.