(RV) La situation est toujours préoccupante en Centrafrique, en particulier autour
de la ville de Bambari, dans le centre du pays où de violents combats se poursuivent
depuis le début de la semaine entre les miliciens anti-balaka et les ex-rebelles de
la Séléka.
Selon une source proche de la Misca, la force africaine dans le
pays, ces violences ont déjà fait près de 70 morts et une centaine de blessés. Mais
le bilan pourrait être encore plus lourd, selon le père Firmin Gbagoua, vicaire général
de Bambari. Selon lui, le cycle infernal attaque-représailles n’en finit pas. Il déplore
surtout que la Misca comme la force Sangaris (l’opération de l’armée française en
Centrafrique) soient incapables d’enrayer ces violences.
« Sangaris et
la Misca sont intervenus en retard, pas pour s’interposer mais pour protéger les sites
» regrette le vicaire. « Ils ne s’interposent pas ou ils ne cherchent pas à
désarmer et à neutraliser les malfrats qui utilisent des armes pour égorger ou tuer
des innocents. » Pendant ce temps, les « criminels », comme il les qualifie,
« sont allés de porte en porte pour exécuter leur sale besogne. »
Conséquence
de ces exactions, le nombre des déplacés ne cesse d’augmenter à travers le pays. Dans
la cathédrale de Bambari, il y aurait ainsi « douze mille déplacés » selon
le vicaire. « Dans la paroisse de Notre-Dame des Victoires, on compte presque quinze
mille déplacés, une population laissée à elle-même même s’il y a certaines ONG qui
commencent à fréquenter ces lieux pour évaluer les besoins », ajoute-t-il.
«
La population a besoin de tout : de nourriture, de médicaments, de soin, de produits
d’hygiène, d’assistance psychologique car certaines personnes ont vu des gens se faire
assassiner » poursuit le vicaire. Du côté de l’Eglise locale, plusieurs actions
sont envisagées. Tout d’abord une veillée de prière et une messe de requiem pour les
victimes.
A l’origine de ces violences, « l’esprit de vengeance » des
ex-Sélékas, furieux de la mort de Peuls musulmans. Pris dans cette spirale de morts,
le père Firmin Gbagoua lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle
n’oublie pas ce conflit qui disparait petit à petit des préoccupations de la communauté
internationale et des médias. Il demande ainsi que les « résolutions prises par
les Nations Unies soient appliquées à la lettre. Il faut un désarmement rapide. »
« Je ne peux plus dormir tranquille chez moi parce que je vois des gens circuler,
des civils, qui sont en armes. »
La reconstruction de l’Etat centrafricain
est aussi une des clés pour solutionner la crise qui dévore le pays depuis plus d’un
an. Là aussi, selon le vicaire de Bambari, la communauté internationale doit agir.
Photo : panneau dans la région de Bambari alertant les les voyageurs
des risques encourus