2014-06-25 16:06:00

Haïm Korsia : « Il faut relancer l'espérance »


 (RV) Entretien- A 51 ans, Haïm Korsia, aumônier en chef du culte israélite des armées, est devenu le nouveau grand Rabbin de France, succédant ainsi à Gilles Bernheim. L’élection s’est tenue le dimanche 22 juin, au cours d’une assemblée générale du Consistoire central, réunie au Palais des congrès à Paris.

Intellectuel reconnu, homme de dialogue, Korsia devient ainsi chef d’une communauté de quelque 500 000 personnes, la plus grande communauté juive d’Europe. Ses principaux défis : raviver l’espérance, garantir l’unité d’une communauté juive éprouvée, promouvoir un judaïsme ouvert et apaisé, et en dialogue avec les autres religions.

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, au micro de Manuella Affejee :

 

Il y a un besoin de rassurer la communauté juive de France. Il y a un besoin de recréer l’unité, il y a surtout besoin de relancer l’espérance dans un rêve commun qui s’appelle la France.

Et pourquoi ?

Parce qu’on a tué des juifs en France, parce qu’il y a un sentiment très fort de vulnérabilité, de fragilité et qu’il faut rassurer les juifs de France. Et à travers eux, il faut rassurer la France qui s’inquiète. On a lynché un jeune rom, il y a quelques jours, en banlieue parisienne dans une relative indifférence. Et cette violence de la société qu’on constate, dans toute l’Europe, est quelque chose qui devrait alerter l’ensemble des acteurs de la vie sociale et politique. Je crois que le principal, c’est de permettre à chacune et à chacun d’espérer encore dans un vivre ensemble assuré, serein, qui ne prête pas toujours à violence et au combat. Et c’est peut-être ça, l’espérance du psaume 133 « Qu’il est bon et agréable que les frères résident ensemble ».

Et comment comptez-vous rassurer, de façon concrète, votre communauté ?

Je crois qu’il faut augmenter la notion d’écoute, la notion de partage. Il faut tisser des liens, des nouveaux liens de solidarité, notamment avec le dialogue interreligieux, faire en sorte que la religion soit un facteur de rapprochement et jamais de divergence, de séparation. Il ne s’agit pas de penser, de dire la même chose. Il s’agit de dire des choses différentes, distinctes, mais ensemble.

Alors, justement, vous parlez de dialogue interreligieux. Vous étiez à la conférence des responsables des cultes en France hier matin. Quelle est votre vision du dialogue interreligieux ?

Je crois qu’on a à partager l’espérance commune, on a aussi à partager les préoccupations communes sans syncrétisme mais ensemble. C’est très important, cette idée de partager ensemble, ce qui nous fait humain.

Que pensez-vous du Pape François ?

C’est un Pape qui a parfaitement réussi son début de mission et qui a apporté un souffle frais et un souffle de vérité sur son Église.

Je vous cite « On ne peut pas fermer les portes des synagogues, il faut les ouvrir ». Cette rhétorique rappelle un peu celle du Pape François. Est-ce à dire que vous êtes dans une même dynamique, la dynamique de l’ouverture ?

L’ouverture, c’est la force de ceux qui sont fermes dans ce qu’ils pensent, ce qu’ils croient. Etre capable d’ouvrir, c’est savoir qu’on porte des idées qui peuvent voyager, qui peuvent être partagées. Donc, il faut ouvrir les synagogues, pour accueillir les déçus, ceux qui ne trouvent pas leur place. C’est la même problématique pour tous les cultes. C’est plus rassurant de se concentrer sur un noyau dur, sur ceux qui se voit comme étant les gardiens d’une certaine forme, de leur forme de piété. Mais la force, et c’est la force du modèle confessorial français, c’est d’être ouvert sur tous et de permettre à chacun de trouver sa place dans la synagogue.








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