(RV) Les chrétiens de Malaisie ne pourront pas utiliser le mot « Allah » pour désigner
Dieu. La Haute Cour de justice du pays a rendu lundi un arrêt en ce sens mettant fin
à une bataille juridique qui dure depuis sept ans. Par quatre voix sur trois, la plus
haute juridiction du pays a donné tort aux chrétiens qui réclamaient le droit d’écrire
ce mot dans leurs publications.
La langue malaise utilise le terme « Allah
», emprunté à l’arabe, pour dire Dieu. Les chrétiens comme les musulmans l’utilisent
donc couramment dans la vie de tous les jours. Or en 2007, une directive du ministère
malaisien de l’Intérieur avait révoqué le droit accordé à un journal catholique local,
The Herald, de l’utiliser dans ses pages.
Enième rebondissement dans
l'affaire judiciaire
Depuis, les tensions avec la communauté musulmane
étaient régulières. Cette décision devrait donc aider à y voir plus clair. Ecoutez
les explications de Xavier Sartre
C’est
la fin d’un feuilleton juridique vieux de sept ans. Le Herald, soutenu par
toute la communauté chrétienne de Malaisie, a tenté de révoquer la directive du ministère
de l’Intérieur qui lui interdisait d’écrire Allah, l’obligeant de fait à dire Dieu.
En première instance, en 2009, le journal avait gagné. Mais en appel, il a perdu.
La Haute Cour a estimé qu’elle n’avait pas à s’ingérer dans la décision rendue en
appel. Amertume, certes, du côté du rédacteur en chef, le père Lawrence Andrews, mais
pas de résignation :
« C’est à la Cour fédérale que tout finit. C’est pourquoi
certaines personnes diront que le dossier finit là. Mais il y a une disposition qui
permet de réviser cet arrêt et c’est ce que nous allons voir une fois que nous aurons
le contenu écrit du jugement. Il y a donc une possibilité pour qu’ils puissent réviser
le jugement des juges. »
Car cette interdiction d’utiliser « Allah » ne
concerne pas que les chrétiens mais toutes les autres confessions religieuses. Des
confessions qui, jusqu’alors, utilisaient sans problème particulier le mot « Allah
» pour désigner leur Dieu ou divinité. L’affaire n’est pas encore close.
(Photo
: une manifestation pendant l'attente du verdict à Putrajaya, dans la banlieue de
Kuala Lumpur)