La procession de la Fête-Dieu relancée à Liège en Belgique
(Radio Vatican) Entretien - Au diocèse de Liège en Belgique, le berceau de
la Fête-Dieu, la célébration aura cette année un caractère particulier. C’est le 750ème
anniversaire de l’universalisation de cette fête dans l’Église catholique.
Pour
l’occasion, Mgr Jean-Pierre Delville, l’évêque de Liège, a décidé de relancer
la procession du Saint-Sacrement, disparue depuis plusieurs décennies. Nous l’avons
interrogé quelques heures avant le début de la célébration. Il revient sur l’origine
et l’universalisation de la Fête-Dieu et sur ce qu’elle représente dans le monde actuel.
C’est
en 1264 que le Pape Urbain IV a généralisé cette fête qui avait commencé dans le diocèse
de Liège dès 1246 mais qui a donc été étendue à l’Église Universelle en 1264. C’est
donc un anniversaire important, un quart de millénaire que cette fête existe dans
toute l’Église. La Fête-Dieu, c’est donc la mise en valeur de l’eucharistie et de
la présence du Christ dans l’eucharistie. Cette intuition est due en particulier à
Sainte Julienne de Cornillon qui vivait donc au début du 13° siècle et qui s’est rendue
compte que l’Église avait besoin de fêter une fois par an l’institution de l’eucharistie
par une fête solennelle, qui couronne en quelques sortes le temps pascal. Après la
Pentecôte, après la Trinité, il y a la communication du Christ dans la vie quotidienne
qui se fait par l’eucharistie et ça, c’est la fête du Saint-Sacrement. Cela se fait
dans le cadre de la sensibilité à la personne humaine de Jésus qui se marque au 13°siècle.
Vous savez que c’est l’époque de Saint-François d’Assise. C’est l’époque de l’invention
de la crèche, c’est la redécouverte des lieux saints par les croisés qui étaient en
Terre Sainte. Et donc, la communion au Christ est mise en valeur au 13° siècle par
un intérêt plus grand pour la personne du Christ et aussi, une connaissance plus grande
de sa vie et de son message.
Et qu’avez-vous prévu pour cette célébration
? Une messe solennelle dans l’Église-même où la fête a été pour la première
fois célébrée, c’est-à-dire peu après 1246 dans le diocèse de Liège. Il s’agit de
la Basilique Saint-Martin, une très belle Église qui domine la ville. Cette messe
sera concélébrée par différents évêques, en particulier le nonce apostolique qui va
nous apporter une bénédiction spéciale du Pape à ce sujet. Concélébrée aussi par Mgr.
Marc Stenger, l’évêque de Troyes car le Pape Urbain IV était originaire de Troyes,
en France. Également par mes prédécesseurs, Mgr. Jousten et Mgr. Houssiau qui seront
présents et d’autres évêques de diocèses voisins. Et après cette célébration, nous
irons en procession de cette basilique jusque la cathédrale en traversant une série
de rues du centre de la ville de Liège.
En quoi votre démarche s’inscrit-elle
dans la ligne de ce que propose le Pape François ? Le Pape François demande
en particulier de pouvoir sortir des murs des Églises et de témoigner de sa foi, en
particulier dans la société civile et d’une façon plus générale, autour de soi. Donc
c’est pour ça que nous nous sommes dit « Profitons de cette fête pour faire une procession,
ce qui ne se faisait plus depuis cinquante ans. Renouvelons cette procession avec
des moyens plus modernes, une bonne sonorisation, des messages adéquats à différents
moments. Et par le fait-même, soyons sur le territoire de la ville, dans la société.
Soyons en contact avec la réalité urbaine et ayons aussi le courage de notre conviction
et de notre identité chrétienne dans le cadre de la société actuelle.
Pour
terminer, avez-vous quelque chose à ajouter ? De fait, c’est aussi une manifestation
du peuple de Dieu dans sa diversité, du peuple de Dieu qui réunit aussi les pauvres
en particulier et les mets à l’honneur parce que dans l’eucharistie, c’est un peu
le Christ qui se fait pauvre, qui se fait don, qui s’offre à nous. Donc, c’est un
lieu d’amour, un lieu de communication d’amour et c’est ça que nous voudrions vivre.
Nous la vivons justement en témoignage et en solidarité avec les plus pauvres dans
notre société parce qu’elle est au cœur même de l’eucharistie. C’est vivre la pauvreté
et avoir la confiance dans la force du Christ qui crée la solidarité à partir de toutes
nos pauvretés.