(RV) En Irak, l’armée se ressaisit pour sauver Bagdad d’un assaut des djihadistes
de l’Etat islamiste en Irak et au Levant. Leurs assauts sur Baqouba à 60 km au nord-est
de Bagdad a été repoussé mardi, mais au nord du pays, leurs conquêtes et leurs massacres
se poursuivent. Au moins 50 civils ont été tués dans la ville de Tal Afar, une localité
stratégique à 100km de la frontière syrienne dont il se sont emparés, ou presque,
poussant quelques 200 000 personnes à fuir. Face à leur avancée, le gouvernement de
Nouri-Al Maliki est au plus mal. Marie Duhamel
Reprenant
une thèse formulée à de nombreuses reprises par le régime de Damas, le Premier ministre
irakien, le chiite Nouri-al-Maliki s’insurge ce mardi contre l’Arabie Saoudite qui
appuierait, dit-il, moralement et financièrement les djihadiste sunnites de l’Etat
islamique en Irak et au Levant, ceux la même qui veulent marcher sur Bagdad et Kerbala,
la ville sainte des chiites au sud. De récents propos de l'Arabie saoudite « montrent
qu'elle se range du côté du terrorisme », a indiqué dans un communiqué le bureau du
Premier ministre Nouri al-Maliki, ajoutant que Ryad devait être « tenu pour responsable
» pour le financement du terrorisme.
Le souhait d'un gouvernement d'union
Lundi
l’Arabie Saoudite avait critiqué le Premier ministre irakien. Pour eux, le chef du
gouvernement sortant et vainqueur des dernières législatives, paie sa politique d’exclusion,
pendant des années, de la population irakienne sunnite. Le royaume wahhabite veut
plus de pouvoir pour cette communauté.
Cela risque d’être difficile car, si
en Irak tous appellent à la formation d’un gouvernement d’union à commencer par Sa
Béatitude Louis Sako I, le patriarche chaldéen, ou Mgr Sleimane, l’archevêque latin
de Bagdad, rien n’est moins facile. Après les législatives d’avril, même une alliance
entre Nouri-Al-Maliki et l’ancienne branche armée chiite de Moqtada Sadr semble ambitieuse.
Que dire alors d’une entente avec les sunnites ? Ceux qui se sont rapprochés du gouvernement
étant accusé parfois de traîtrise.
Tractations diplomatiques
En
attendant, que faire pour enrayer la crise qui de politique, est devenu militaire
? L’Iran n’ose envoyer des soldats de peur de renforcer les tensions communautaires
qui vont crescendo selon l’ONU. Les Etats-Unis envisagent des frappes pendant que
ses diplomates se concertent avec l’Iran à Vienne en marge des négociation sur le
nucléaire, ou encore avec son allié dans la région, l’Arabie saoudite. Le secrétaire
au Trésor était à Jeddah ce mardi. En attendant, l’armée irakienne fait de son mieux
pour résister aux portes de Bagdad.
Photo : manifestation mardi 17 juin
à Najaf au sud de Bagdad.