2014-06-13 14:24:53

Le sort peu enviable des érythréens en Israël


(RV) Entretien - L’Erythrée célébrait le 28 mai dernier l’anniversaire de son indépendance. A cette occasion, l’Eglise a décidé de monter au créneau. Une lettre pastorale de 36 pages rédigée par les évêques dresse la liste des graves problèmes que doivent affronter les érythréens : la désagrégation des familles (dont les membres sont dispersés à cause du service militaire ou parce qu’incarcérés ou encore parce que se trouvant dans des centres de rééducation), une économie en ruine, un système éducatif de mauvaise qualité, l’arbitraire de la loi, un manque de perspectives.

« Tout cela crée un pays de désolation » et pousse les jeunes à fuir. Certains de ces jeunes érythréens arrivent en Europe, ou en Israël, où ils sont désormais conduits dans des camps en plein désert.

Philippa Hitchen en parle avec le père David Neuhaus, vicaire patriarcal pour la communauté catholique hébréophone d'Israël RealAudioMP3

Ils sont Érythréens mais malheureusement, ils ne sont pas reconnus comme réfugiés et pour cela, ils vivent sans aucun droit. Et ils sont traités presque comme des criminels. C’est une horreur, une grande souffrance pour ces gens qui essayent de vivre ici. Nous parlons d’une population d’un peu plus de 50.000 personnes. Le grand drame actuel, c’est qu’Israël a commencé il y a trois mois à déporter les jeunes hommes qui ne sont pas encore mariés dans un camp dans le désert du Néguev, à 80km d’une ville. Les autorités disent que ce n’est pas une prison mais les gens doivent dormir là-bas, ils doivent être comptés trois fois par jour et ils n’ont pas d’argent pour voyager ailleurs. Nous nous sommes rendus là-bas et nous avons vu que les conditions sont hyper dures. Il y a trop de monde dans ces lieux et la nourriture est affreuse. Il n’y a pas suffisamment de traitements médicaux mais le plus affreux de tout, c’est l’ennui. Il n’y a rien à faire. Aujourd’hui, dans ces lieux, il y a 2.300 jeunes hommes qui n’ont rien à faire. Les autorités planifient encore d’élargir l’espace pour contenir 7.000 personnes, c’est-à-dire une vraie horreur.

Qu’est-ce que l’Église cherche à faire pour ces personnes ?
Je pense que la première chose qui est importante, c’est en quelque sorte de parler, de raconter leurs histoires, leurs histoires de tristesse et de souffrance parce que beaucoup sont passé par le Sinaï. Certains ont vécu les camps de torture dans le Sinaï, les trafiqueurs qui ont kidnappés les gens, qui les ont torturés. D’autres sont entrés ici et ils vivaient en situation de grande précarité. Tout cela concerne 2007 avec les grandes migrations. L’Église doit être comme un porte-parole, une voix pour ceux qui n’en ont pas. Deuxièmement, l’Église doit et peut demander des droits pour ces personnes. Nous cherchons maintenant aussi des moyens créateurs pour aider ceux qui sont incarcérés là-bas en rassemblant des livres, en essayant de voir si l’on peut mobiliser des professeurs qui soient prêts à donner des cours. Ils nous ont donné libre accès pour entrer.
J’ai demandé « Est-ce qu’on peut apporter des livres ? Est-ce qu’on peut apporter des professeurs ? Est-ce qu’on peut organiser des classes ? ». Tout cela reste à voir parce que c’est une nouvelle situation et les moyens de l’Église sont très pauvres. Nous sommes très peu de personnes et beaucoup qui sont dans le besoin. En tout cas, la priorité, c’est de parler de cette histoire et d’essayer d’aider les ONG, les personnes israéliennes qui essayent aussi d’aider ces gens.

Mais en même temps, dans l’opinion publique israélienne, ils ne sont pas très bien vus.
C’est vrai. Ça commence bien sûr avec la façon dont les gens parlent de ce monde. Ils sont traités comme des criminels qui sont venus illégalement dans le pays mais les israéliens ne savent pas qu’ils ont fui cette situation atroce. Les israéliens ne sont pas conscients qu’ils n’ont pas le droit de travailler. Ça commence avec le langage et là aussi encore une fois, je dis « il faut que l’Église parle fort et à haute voix un autre langage en montrant leur humanité et souligner le fait qu’ils ne sont pas tellement. Quand les israéliens parlent, on a tendance à penser qu’ils sont vraiment beaucoup. Mais nous avons un peu plus de 50.000 personnes.









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