2014-06-11 14:29:15

La revue de la presse catholique africaine. Mercredi 11 juin 2014


Les préoccupations de la presse catholique cette semaine sont assez hétéroclites, même si revient toujours, par divers aspects, la lancinante question de la coexistence des religions dans les pays à forte majorité musulmane. Le point d’appui de ces réflexions, dans les journaux qui l’abordent, c’est bien entendu l’enlèvement des jeunes femmes du Nigéria par la secte islamiste Boko Haram. Mais procédons progressivement en nous rendant tout d’abord au Sénégal.

Le portail de l’Eglise dans ce pays, SENKTO, a rendu largement compte du bon déroulement du pèlerinage marial international de Popenguine qui s’est clos lundi – Lundi de Pentecôte comme il est dans sa tradition. Ce pèlerinage draine habituellement une marée de fidèles venant de toute la sous-région et de plus loin. Les pèlerins sont aussi bien des chrétiens que des musulmans. Aussi n’est-il pas surprenant de lire dans SENKTO qu’à la fin des célébrations, messes et prières, le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo a donné l’assurance « que la commune rurale de Popenguine va être dotée de toutes les infrastructures que le statut du sanctuaire marial requiert ». Le ministre a affirmé que « toutes les initiatives de l’Eglise feront l’objet d’une attention particulière de la part du chef de l’Etat Macky Sall », lui aussi un musulman.

Sous la plume de Sylvestre Ndoumou, nous lisons dans L’Effort camerounais que le Nonce apostolique invite les fidèles du Cameroun à bâtir leur Eglise dans l’unité et l’amour sincère, dans un véritable esprit de famille qui n’exclut personne. Mgr Pietro Pieppo est allé présider à Maroua Mokolo la messe au cours de laquelle Mgr Bruno Ateba a été ordonné et installé sur sa cathèdre de Maroua. La célébration a eu lieu, bien entendu, alors que la communauté était encore dans le traumatisme causé par l’enlèvement, le 4 avril, de trois ouvriers apostoliques du diocèse par la secte nigériane Boko Haram. Inutile de rappeler que ces trois missionnaires, deux prêtres italiens et une religieuse canadienne, ont été libérés depuis mais les propos de Mgr Pieppo n’en gardent pas moins leur valeur prophétique.

Le projet de Dieu pour l’humanité est, a-t-il réaffirmé, celui « de faire de nous tous l’unique famille de Ses enfants, dans laquelle chacun Le sent proche et se sent aimé par Lui, comme dans la parabole de l’Évangile, et sent la chaleur d’être de la famille de Dieu. L’Église a ses racines dans ce grand dessein ». Le Nonce apostolique a confié : « Il y a quelque chose qu’il ne faut jamais oublier et que le Saint-Père m’a confié à moi-même son indigne serviteur. Il y a un peu plus d’un mois j’ai été reçu par lui-même pendant ¾ d’heures. Il m’a parlé et il m’a ouvert son cœur (…) Avec la nomination de Mgr Bruno (Ateba), le Pape François veut aussi dépasser les barrières régionales pour promouvoir davantage l’unité de l’Eglise de notre nation » camerounaise.

De Boko Haram aussi il est question dans la dernière édition de Diocèse de Rabat, le bulletin en ligne du diocèse marocain. On y lit que non seulement les fidèles catholiques du Maroc ont accompagné le Pape dans son voyage de paix en Terre Sainte, dans le Moyen-Orient et dans le monde le 26 mai dernier - « La Paix, nous avons la responsabilité de la demander à Celui qui peut vraiment la donner », écrit le bulletin. Mais on y lit aussi que « l’université Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse de l’islam sunnite, a appelé mardi 6 mai le groupe islamiste armé Boko Haram à relâcher les plus de 200 lycéennes qu’il a enlevées le mois dernier au Nigeria et menacé de vendre comme esclaves ». Cette information est loin d’être banale dans un pays musulman comme le Maroc où les catholiques constituent une infime minorité, d’ailleurs composée d’étrangers pour l’essentiel.

Ces préoccupations de paix et de sérénité entre les croyants nous introduisent idéalement à la puissante prise de position de Mgr Ignatius Kaigama, Archevêque de Jos et président de la Conférence épiscopale du Nigéria. La Conférence épiscopale, nous renseigne l’agence catholique nationale CNSN, vient de réaffirmer que la proclamation par des groupuscules islamistes de se constituer en Etats islamiques au Nord est une flagrante violation de l’article 10 de la Constitution fédérale qui ne donne licence à personne de remettre en cause les bases de l’équilibre social. Personne n’est fondé à ériger tout ou partie des Etats fédérés du Nigéria à n’obéir qu’à la loi d’une seule religion.

« La religion est une force sociale d’importance, qui conduit à rassembler, pas à diviser », soutient Mgr Kaigama qui déplore les trop nombreux épisodes du passé où, au contraire, la religion a été usée contre les autres et contre les idéaux de paix. Partout où l’article 10 de la Constitution a été ignoré, les tensions et les violences ont résulté de la volonté d’une minorité d’imposer leur religion aux autres, note Mgr Kaigama.

En Afrique Centrale, et plus précisément dans les deux Congo, les thèmes sociaux sont aussi au centre de l’actualité.

Dans La Semaine Africaine, journal de l’Eglise paraissant à Brazzaville, on lit l’interview accordée à Ghislain Ngouma par Mgr Louis Portella-Mbuyu, Evêque de Kinkala, président de la Conférence épiscopale du Congo et président de tour de l’ACERAC, Association des conférences épiscopales d’Afrique centrale. Dans la perspective de la célébration à Brazzaville de la 10è Assemblée plénière de l’ACERAC, du 6 au 13 juillet prochains, près de cent cardinaux, archevêques, évêques et d’autres délégations du Vatican, d’Europe et d’Afrique prendront part aux travaux qui porteront sur le thème de « La famille en Afrique aujourd’hui », nous renseigne le journal.

En choisissant un tel thème, précise Mgr Portella, « l’Eglise en Afrique centrale voudrait confirmer le choix de l’Eglise universelle de veiller à apporter un soin particulier à cette cellule de base qui façonne l’homme et l’oriente, en collaboration avec toutes les autres structures sociétales et ecclésiales, dans la vie de tous les jours ».

En République démocratique du Congo, le portail de l’Eglise, CENCO, nous ramène au cœur d’une question qui préoccupe les Eglises particulières d’Afrique depuis des décennies. On lit que « début mai, les autorités de Kampala (Ouganda –Ndlr) ont annoncé conjointement avec le Haut-commissariat aux réfugiés et les autorités congolaises la reprise très prochaine du rapatriement volontaire des réfugiés de la RD Congo».

Le portail relève que l’Est congolais est en proie à des épisodes récurrents de guerres depuis une décennie et que « les populations de cette partie de la république sont tout le temps en déplacement volontaire ou forcé. Ces déplacements massifs et incessants sont à la base de l’exil forcé ou volontaire de près de 350.000 réfugiés congolais en Ouganda. Des réfugiés qui pourraient bientôt rentrer au Congo ». Relative bonne nouvelle lorsqu’on voit que ce sont les symptômes du mal qui sont traités, pas les causes profondes !








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