« Il ne serait pas nécessaire d’émigrer si l’on vivait dans un pays décent » affirment
les Evêques d’Erythrée dans une Lettre pastorale de 36 pages rédigée à l’occasion
de l’Anniversaire de l’indépendance du pays et intitulée « Où est ton frère ?
». Rappelant la tragédie de Lampedusa du 3 octobre 2013, au cours de laquelle le naufrage
d’une embarcation coûta la vie à quelques 400 migrants, en grande partie érythréens,
les évêques dénoncent : « Au lieu de trouver des solutions pour empêcher que des
tragédies semblables ne se répètent, la situation s’est aggravée ». « Il n’est
pas nécessaire de chercher le pays du miel si l’on y vit déjà » affirme le message.
Il
facile de comprendre pourquoi les jeunes fuient « Au lieu que
des érythréens cherchent à quitter leur pays, on devrait encourager ceux qui vivent
au sein de la diaspora à revenir… Il est inutile de demander pourquoi notre jeunesse
fuit à l’étranger ». Les évêques dressent la liste des graves problèmes que doivent
affronter les érythréens, au premier rang desquels la désagrégation des familles,
dont les membres sont dispersés à cause du long service militaire ou parce qu’incarcérés
ou encore parce que se trouvant dans des centres de rééducation. Par conséquent, les
personnes âgées sont abandonnées à elles-mêmes. « Tout cela crée un pays désolé
» dénonce la Lettre pastorale.
Selon les évêques, une économie en ruine, un
système éducatif de mauvaise qualité, l’arbitraire de la loi, un manque de perspectives
poussent les jeunes à affronter un voyage risqué d’abord à travers le désert puis
en mer à la recherche d’une vie meilleure. Les évêques lancent enfin un appel en faveur
du respect des droits fondamentaux des prisonniers : « les personnes arrêtées doivent
être traitées avec humanité et être jugées par une cour ». (Fides)