Les chrétiens quittent Mossoul, témoignage d'un prêtre en exil
(RV) Témoignage - C’est un nouveau pas dans la violence qui vient d’être franchi
en Irak : les insurgés ont pour la première fois pris la totalité d’une province.
La province pétrolière sunnite de Ninive au nord, dont le chef-lieu est Mossoul, la
deuxième ville du pays. Une offensive inédite qui porte un coup dur au pouvoir central
et qui témoigne de la situation sécuritaire de plus en plus chaotique en Irak, alimentée
par les luttes d'influence politique, les tensions confessionnelles entre chiites
et sunnites ainsi que par le conflit en Syrie voisine.
Le premier ministre
irakien a indiqué dans un communiqué que le gouvernement fournirait des armes à tous
les citoyens volontaires pour combattre les insurgés. Mardi avant l'aube, des centaines
d'hommes armés ont lancé un assaut contre Mossoul, et ont réussi, après des combats
avec l'armée et la police, à prendre le contrôle du siège du gouverneur. La population
et parmi elle de nombreux chrétiens ont dû fuir dans l’urgence.
Ecoutez
le sujet préparé par Audrey Radondy :
Juste
le temps de prendre le strict minimum, des papiers, un peu d’argent. Le père Dios,
prêtre syro-catholique à Mossoul, a dû quitter la ville tout comme des milliers d’hommes,
de femmes et d’enfants. Direction le nord du pays à bord d’une voiture, « nous
avons mis cinq heures pour faire un trajet de 15 kilomètres. Vous imaginez la quantité
de voitures qui sont sorties de Mossoul ». Pendant tous le trajet, il a répété
encore et encore la prière de Charles de Foucauld, la prière d’abandon, « je me
sentais en sortant comme si c’était un nouvel exode d’Égypte des Hébreux ».
Une
grande détresse
De là où il s’est réfugié, le père Dios ne peut que constater
le désastre, et il ressent une grande détresse quand il pense à tout ce qu’il a laissé
à Mossoul, « j’ai laissé derrière moi une église qui a 150 ans d’histoire et puis
une grande bibliothèque avec près de 120 manuscrits ».
Et face à ce qui
pourrait arriver à son église, à tout ce dont il s’occupait à Mossoul, il garde quand
même espoir et il essaye de se rassurer. « Il y a des rumeurs qui disent que ces
gens-là ne touchent pas aux églises, aux gens qui n’ont pas d’armes, alors peut-être
que cela sera vrai pour les églises ».
Le père Dios n’a désormais plus
aucune nouvelle du développement de la situation à Mossoul. Il ne connaît plus personne
dans la ville. Et il se demande déjà si un jour les chrétiens y retourneront.
Photo
: des habitants de Mossoul à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.