2014-06-10 19:03:25

Les chrétiens quittent Mossoul, témoignage d'un prêtre en exil


(RV) Témoignage - C’est un nouveau pas dans la violence qui vient d’être franchi en Irak : les insurgés ont pour la première fois pris la totalité d’une province. La province pétrolière sunnite de Ninive au nord, dont le chef-lieu est Mossoul, la deuxième ville du pays. Une offensive inédite qui porte un coup dur au pouvoir central et qui témoigne de la situation sécuritaire de plus en plus chaotique en Irak, alimentée par les luttes d'influence politique, les tensions confessionnelles entre chiites et sunnites ainsi que par le conflit en Syrie voisine.

Le premier ministre irakien a indiqué dans un communiqué que le gouvernement fournirait des armes à tous les citoyens volontaires pour combattre les insurgés. Mardi avant l'aube, des centaines d'hommes armés ont lancé un assaut contre Mossoul, et ont réussi, après des combats avec l'armée et la police, à prendre le contrôle du siège du gouverneur. La population et parmi elle de nombreux chrétiens ont dû fuir dans l’urgence.


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Juste le temps de prendre le strict minimum, des papiers, un peu d’argent. Le père Dios, prêtre syro-catholique à Mossoul, a dû quitter la ville tout comme des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Direction le nord du pays à bord d’une voiture, « nous avons mis cinq heures pour faire un trajet de 15 kilomètres. Vous imaginez la quantité de voitures qui sont sorties de Mossoul ».
Pendant tous le trajet, il a répété encore et encore la prière de Charles de Foucauld, la prière d’abandon, « je me sentais en sortant comme si c’était un nouvel exode d’Égypte des Hébreux ».

Une grande détresse

De là où il s’est réfugié, le père Dios ne peut que constater le désastre, et il ressent une grande détresse quand il pense à tout ce qu’il a laissé à Mossoul, « j’ai laissé derrière moi une église qui a 150 ans d’histoire et puis une grande bibliothèque avec près de 120 manuscrits ».

Et face à ce qui pourrait arriver à son église, à tout ce dont il s’occupait à Mossoul, il garde quand même espoir et il essaye de se rassurer. « Il y a des rumeurs qui disent que ces gens-là ne touchent pas aux églises, aux gens qui n’ont pas d’armes, alors peut-être que cela sera vrai pour les églises ».

Le père Dios n’a désormais plus aucune nouvelle du développement de la situation à Mossoul. Il ne connaît plus personne dans la ville. Et il se demande déjà si un jour les chrétiens y retourneront.


Photo : des habitants de Mossoul à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.







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