Rencontre de paix : les espoirs des chrétiens de Terre Sainte
C’est un événement très attendu et déjà qualifié d’historique. Ce dimanche en fin
d’après-midi dans les Jardins du Vatican, les présidents israélien et palestinien,
Shimon Peres et Mahmoud Abbas prieront pour la paix en présence du Pape François,
hôte de cette rencontre, et du Patriarche de Constantinople Bartholomée. L’invitation
avait été lancée par le Saint-Père depuis Bethléem le 25 mai dernier, lors de son
voyage en Terre Sainte, suscitant un espoir immense en Terre Sainte. Marie Duhamel
a demandé aux chrétiens palestiniens et israéliens de Terre sainte ce qu’ils pensaient
de cette rencontre de demain
Ils n’avaient
du Pape François que des images, des mots que leur rapportaient télévisions et journaux.
Tous n’avaient qu’une envie : l’accueillir avec chaleur, le voir et l’entendre sans
intermédiaire. Aussi, de nombreux chrétiens se disent un peu déçus. Ceux de Galilée,
le Pape les a entendus, leur promettant de venir une prochaine fois. Et ceux de Jérusalem.
Dans la vieille ville, Johnny Orfani a été contraint de s’enfermer chez lui
:
« On était à la maison et devant la télé, on n’a rien vu. On n’a pas pu
aller dehors pour voir le Pape. On nous a dit "c’est interdit ". Nous étions à la
porte principale de la maison avec les voisins et les soldats étaient dehors. On m’a
dit qu’on ne pouvait pas ouvrir la porte et qu’on ne pouvait pas regarder. Il y avait
un voisin qui avait une fenêtre en haut. De là-bas, on voyait dehors. On lui a demandé
de fermer les fenêtres et de ne pas mettre la tête dehors. Voilà ce qu’on a vu.»
Une
douleur dans le cœur pour cet homme âgé qui se souvient encore de la venue de Paul
XVI en sa demeure. Une douleur physique pour ceux qui ont bravé l’interdiction et
que la police a brimé de manière musclée à la porte de Jaffa.Mais bien sûr, même à
Jérusalem, on en est pas resté là. Né sur place, Emmanuel Helou, 69 ans, fut
heureux de voir le Pape aborder tous les sujets avec les autorités israélienne et
palestinienne , un en particulier :
« Surtout la liberté d’accès aux lieux
saints pour les fidèles de toutes les religions. Quelqu’un de Bethléem qui veut venir
à Jérusalem doit avoir un permis. En général, les autorités civiles israéliennes délivrent
des permis, surtout à l’occasion de certaines les fête de l’année, mais il n’y aucune
garantie. Ils sont libres de délivrer ou non le permis. »
Malgré un certain
nombre d’obstacle matériel, 10 000 chrétiens sont parvenus à se rendre à Bethléem
pour la messe. Place de la Mangeoire, ils venaient de Gaza, Cremisan, Nazareth et
d’ailleurs. Le curé de Beit Jala dirigeait la chorale. Le père Ibrahim Shomali
s’en souvient avec une grande émotion :
« La visite à Bethléem nous
a donné un encouragement inexprimable et inexplicable. Nous nous sommes sentis très
forts par notre union et par la présence du Christ parmi nous dans la personnalité
du Saint-Père. Vraiment, je n’arrive pas exprimer la joie que nous avons vécu ce jour-là,
à crier "tous ensemble nous sommes un, vive le pape qui nous a uni". »
Et
c’est pour raviver la flamme de l’Unité entre chrétiens que le Pape était justement
venus. 50 ans après la rencontre entre Paul VI et Athënagoras, l’accolade de François
et Bartholomée, l’actuel Patriarche de Constantinople sont allés droit au cœur de
Sœur François de la Vierge, mère abbesse des clarisses de Nazareth :
«
On a été très émus de voir Bartholomée s’occuper…parce que le Pape est quand même
un peu handicapé on s’en rend bien compte. Il ne peut pas descendre les marches facilement,
et c’est l’autre qui l’aidait. On aurait dit deux frères en soucis l’un de l’autre
et en communion. Moi, ça m’a été droit au cœur. Ça m’a impressionné. »
Promouvoir
l’unité et créer un espoir de paix. A Bethléem, sous les applaudissements, le Pape
a invité les présidents palestinien et israélien. La simplicité du courage pour Chakib
Andary, directeur d’un institut pour enfants autistes Sawa à Nazareth :
«
J’ai été vraiment touché par son appel simple quand il a demandé aux présidents
de se joindre à lui pour prier pour la paix. Vous savez, il faut du courage pour faire
une telle demande à deux ennemis de longue date. C’est qu’il est convaincu que seule
la prière peut donner la paix. »
Chakib Andary a été ému par la prière
du Pape au mur de séparation, par son geste si humble quand il embrassa la main des
survivants de l’holocauste et cette prière « Adam où es-tu ? » Prière qui a fait pleurer
les sœurs de la mère abbesse des clarisses de Nazareth :
« Il a pris
parti, sans prendre parti, prêchant surtout la paix, prêchant l’entente entre les
uns et les autres avec beaucoup de sérénité et de fermeté aussi. Mais tout le monde
a vibré à ce qu’il disait, parce c’est dit d’une façon simple, mesurée. Je crois que
il est très pacifiant et il a pacifié tout le monde à mon avis. »
Tous
n’ont maintenant qu’un double espoir. Que la rencontre de prière de dimanche ait des
répercussions concrète sur le terrain et que le Pape François reviennent en Terre
sainte. Et pourquoi pas à Nazareth pour la remise de l’exhortation post-synodale sur
la famille.
Photo : des fidèles, heureux, à la messe place de la mangeoire,
le 25 mai dernier, à Bethléem.