(RV) À quelques jours du lancement de la coupe du monde de football, la polémique
enfle au Brésil concernant les coûts de l’évènement et les manifestations se multiplient.
La grève du métro dans la mégapole de Sao Paulo, hôte du coup d'envoi du Mondial,
jeudi prochain, a été reconduite, au lendemain d’une journée de paralysie particulièrement
tendue. Parmi les nombreuses voix qui s’élèvent : celle des évêques brésiliens qui
interpellent les organisateurs. Dans une brochure destinée à toutes les paroisses
du pays, la Conférence des évêques du Brésil dénonce le gaspillage de l'argent public
et la privatisation du sport.
Compte-rendu de Hélène Destombes
Carton
rouge pour les organisateurs du mondial. Les évêques brésiliens ne mâchent pas leurs
mots, ils s’insurgent face aux milliards dépensés pour préparer la compétition alors
qu'une partie de la population n'a pas accès aux services de base. « Le succès
de la Coupe du monde, ne se mesurera pas à l'argent qu'elle va rapporter. Une victoire
pour tous ne sera possible que si certaines exigences fondamentales sont remplies
» insistent-ils, critiquant l'inversion des priorités dans l'utilisation des fonds
publics, des fonds qui devraient, avant tout, être destinés « à la santé, à l'éducation,
aux transports ou encore à la sécurité ».
Les évêques brésiliens reprochent
aux organisateurs d’avoir chassé des centaines de déshérités qui vivaient à proximité
des stades, et d’avoir livré le sport aux « grandes sociétés ». Ils demandent
par ailleurs aux autorités de combattre l'exploitation sexuelle, rappelant que 800.000
supporteurs étrangers sont attendus dans le pays durant la compétition.
En
mars dernier déjà, les évêques du Brésil avaient, dans un message, mise en garde contre
le fléau du trafic des êtres humains à l’occasion du mondial. Ils s’étaient également
dits solidaires des manifestants qui protestaient contre les sommes colossales englouties
dans la préparation de la compétition et avaient regretté qu’aucune mesure n’ait été
prise pour lutter contre la pauvreté, endiguer la violence, et respecter les droits
des plus vulnérables.