La revue de la presse catholique d'Afrique. Mercredi 04 Juin 2014
Dans cette revue hebdomadaire de la presse catholique africaine, nous nous réjouissons,
bien entendu, de la libération dimanche dernier des Pères Giampaolo Marta, Gianantonio
Allegri et Sœur Gilberte Bussière les deux missionnaires italiens et la religieuse
canadienne enlevés le 4 avril dernier dans le diocèse de Maroua-Mokolo, au nord-Cameroun
par la secte nigériane Boko Haram. Mais la presse catholique africaine revient sur
le phénomène des enlèvements et des violences interreligieuses.
D’abord au
Cameroun, pays où ces enlèvements ont eu lieu et où, déjà, un autre annonciateur de
l’Evangile, le Père Georges Vandenbeusch, Français, fut tenu prisonnier par la même
secte islamiste de Boko Haram avant de recouvrer la liberté au bout de trois mois
de captivité. L’Effort camerounais, journal de l’Eglise paraissant à Douala,
ouvre cette semaine une réflexion sur « Qui sont les vrais commanditaires et la
racine de Boko Haram ? ». André Fils Mbem écrit que « pour vaincre le Boko
Haram, il faut non seulement rester vigilants et éveillés à toute heure, mais aussi
et surtout connaître ses vrais commanditaires ». Pour lui, ceux-ci sont à identifier
dans « la haine, la cupidité de l’argent, la fabrication et la vente des armes
». Il cite abondamment les Papes : Benoît XVI et le Pape François pour conclure
: « Boko Haram est donc comme beaucoup d’hommes avertis l’ont qualifié un « phénomène
», c'est-à-dire une chose qui cache ou derrière laquelle il y a une autre réalité.
Avec le Saint Père sachons aller au-delà des phénomènes ». Un peu court comme
énoncé du problème? Un peu diluée comme analyse ? Chacun se fera sa propre analyse.
Mais au Nigéria même, terre de naissance et d’activisme de Boko Haram, le
Cardinal John Onayekam semble plus résolu à sortir aujourd’hui des paroles « bonnistes
» et à inviter chacun à sa propre responsabilité pour combattre un phénomène qui
menace la paix et la prospérité de tous. Dans une prise de position récente que rapporte
l’agence catholique nationale de presse du Nigéria, CNSN, l’Archevêque d’Abuja
« appelle les leaders musulmans du pays à plus d’efforts concertés pour mettre
fin au terrorisme de Boko Haram ».
L’agence nous apprend que l’appel du
Cardinal Onayekam est contenu dans une lettre qu’il vient d’adresser au sultan Alhaji
Mahammad Sa’ad Abubakar III, président du Conseil suprême islamique du Nigeria. Au
cours d’une prière spéciale à Abuja celui-ci, indique l’agence, aurait invité tous
les musulmans du pays à se lever comme un seul homme pour condamner et combattre le
terrorisme sous toutes ses formes et « ramener la paix dans le pays ». Rappelons
qu’à la base aussi bien des leaders chrétiens que musulmans figure le rapt de plus
de 200 lycéennes le 14 avril dernier à Chibok, dans l'Etat de Borno, dans le nord-est
du Nigeria. Il a provoqué un scandale mondial et donné un écho sans précédent à l'insurrection
de Boko Haram qui s’en prend aussi bien aux ouvriers apostoliques qu’aux simples citoyens
pourvus qu’ils représente le symbole abhorré de cet occident qu’il dit haïr.
Le
thème est voisin mais le modus operandi quelque peu différent. Le 28 mai dernier,
veille de l’Ascension, une attaque menée par des miliciens islamistes contre la paroisse
Notre-Dame de Fatima, à Bangui, a occasionné notamment la mort du Père Paul-Emile
Nzale. Dans La Semaine Africaine, journal de l’Eglise paraissant à Brazzaville
au Congo, pays voisin de la République Centrafricaine, on peut lire cette semaine
que l’Archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga qui s’est rendu sur les lieux
du drame, a fermement condamné la succession de ces violences en Centrafrique. Il
est vrai que les tribulations du pays, suscitées par les débordements d’une rébellion
parvenue au pouvoir, font craindre à tout instant que la crise politique se double,
malgré les efforts des leaders religieux, en confrontation interreligieuse en Centrafrique.
Sur le portail de l’Eglise catholique au Sénégal, SENKTO, on lit une
information plus rassurante cette semaine. « Quatre Caritas diocésaines africaines
du Sénégal, du Burkina Faso, de la république démocratique du Congo et de l’Ethiopie
sont en train de réaliser un programme de plus d’un milliard visant à améliorer la
sécurité alimentaire de 3000 ménages pauvres. Sous l’égide de la Caritas et de la
coopération autrichienne qui ont financé cette œuvre caritative, une conférence se
tient à Tambacounda pour des échanges d’expériences, et de savoir-faire entre acteurs
au développement de ces quatre pays ». Rassurant.
Terminons par un journal
catholique d’autant plus précieux pour cette revue de presse que ses informations,
en français, sont parcimonieuses : La Croix de Madagascar. Dans sa dernière
édition, le journal de la Grande Ile aborde une question éminemment politique : l’agenda
du Chef de l’Etat pour le relèvement économique du pays. Le journal note que le président
semble faire montre de beaucoup de frénésie, mais c’est sur le terrain du concret,
des résultats, que le peuple l’attend. « Une ménagère passant ses journées à se
vautrer dans le salon n’est pas productive. (…) Nos dirigeants ont beau inaugurer
tous les salons ou foire ou autres événements du monde, la production nationale n’augmentera
pas si la machine économique n’est pas relancée (…). On souhaite voir comme signal
fort la diminution du train de vie des dirigeants (…) Y a-t-il dans l’équipe gouvernementale
quelqu’un qui sait transformer des idées en produit fini ? Malheureusement, le doute
est permis ! Un doute immense ».