Un important document concernant le massacre des Jésuites il y a 25 ans au Salvador
a disparu. Dans ce pays d’Amérique centrale, à l’époque, le pouvoir d’extrême droite
bafouait sans vergogne les droits humains les plus fondamentaux. Fondée par les jésuites,
l’UCA, Université d’Amérique Centrale du Salvador, était la conscience critique du
pays au service des pauvres, de la justice et de la vérité. Dans cette tourmente,
une équipe de jésuites se livrait à des analyses de la situation, dénonçait les injustices
et appelait à la négociation entre le gouvernement et la guérilla.
Dans la
nuit du 16 novembre 1989, cette université fut le théâtre d'un des massacres les plus
marquants de l'histoire récente du Salvador. Six prêtres jésuites, cinq espagnols
et un salvadorien, et deux employés furent assassinés par les escadrons de la mort
de l’armée salvadorienne. On avait voulu la réduire au silence. En 2011, neuf militaires
visés par un mandat d’arrêt international pour cette tuerie se réfugièrent dans une
caserne pour échapper à la prison. Ils furent arrêtés sous la pression internationale
; mais cette mesure fut révoquée par le chef de l’Etat puis par la Cour suprême.
Or
une lettre relatant les faits, adressée en 2011 au ministre de la défense, a disparu
alors que Madrid demande l’extradition des militaires incriminés. Selon le Bureau
d’assistance légale et anticorruption du Salvador, il est évident qu’on veut étouffer
l’affaire et garantir l’impunité des coupables. Il est invraisemblable, en effet,
qu’un document d’une telle importance ait disparu des archives militaires. Les jésuites,
quant à eux, continuent de chercher les « auteurs intellectuels » du meurtre, au sommet
des hiérarchies militaire et politique d'alors. Ils se battent également pour modifier
la loi d'amnistie votée au Salvador après les accords de paix de 1992 et qui empêche
de revenir sur les faits passés. (avec Vatican Insider et agences)