(RV) Témoignage - Ce mardi nous célébrons le quatrième anniversaire de la mort
de Mgr Luigi Padovese, vicaire Apostolique d'Anatolie, tué à Iskenderun, en Turquie,
assassiné par son chauffeur souffrant de troubles psychiques. Antonella Palermo, de
la rédaction italienne de Radio Vatican, a posé quelques questions au Père capucin,
Paolo Raffaele Pugliese, qui a vécu quatre ans en Turquie. Il témoigne :
Je
me trouvais à Izmir, l’ancienne Smyrne et j’y étais avec un confrère. Vers 15 heures,
ils nous téléphonèrent pour nous donner cette terrible nouvelle qui nous a vraiment
anéantis. Nous avions vu Mgr Padovese peu de temps auparavant : en effet, en avril,
il avait eu cette idée d’organiser une rencontre d’une semaine pour tous les religieux
de la Turquie. C’était un très bel évènement dont il était l'initiateur et le promoteur.
Et puis, il y a quatre ans, nous nous sommes vus, c’était un jeudi et nous devions
nous revoir le dimanche, nous, les capucins et lui, pour une semaine d’exercices et
de réflexions sous sa conduite. Cela pour vous faire comprendre la proximité que nous
vivions.
Selon votre expérience, en quatre ans, qu’est-ce qui a bougé sur
le front du dialogue interreligieux dans le pays ? Il y a des signes qui petit
à petit germent et je crois qu’il y a aussi des sensibilités qui sont en train de
mûrir. Je crois et j’espère que ces évènements plus difficiles à digérer puissent
aussi petit à petit devenir des semences. Par exemple, d’un point de vue œcuménique-
je vais maintenant dire quelque chose de simple- un peu tous les chrétiens de la zone
étaient présents aux funérailles de Mgr.Padovese. C’est-à-dire que toutes les confessions-protestantes
et orthodoxes- étaient présentes : à la suite d’un évènement aussi dramatique, tout
le monde s’unit. Et non seulement les différentes confessions chrétiennes étaient
présentes mais aussi les muphtis de la zone. En outre, cultiver la mémoire de ces
évènements aide à maintenir la solidarité. Mgr Padovese souhaitait un effort
commun pour un respect majeur qui soit le fruit d’une clarification de la pensée et
d’une connaissance approfondie et réciproque entre les chrétiens et les musulmans… Je
crois qu’il y a un fait qui est très important : avant toute parole, il y a ceux qui
portent cette parole, n’est-ce pas ? Avant un dialogue théologique, il y a un vivre
ensemble de personnes qui peuvent éventuellement dialoguer et ce vivre ensemble est
en soi porteur d’une signification très profonde. La terre turque a été pendant une
centaine d’années une terre qui a accueilli différentes confessions chrétiennes, même
très anciennes. Ceci pour dire comme la Turquie porte encore en elle un très grand
trésor.