2014-06-02 06:44:04

L'Azerbaïdjan veut devenir un pays moteur du dialogue interreligieux


(RV) Entretien - La première dame de la république d’Azerbaïdjan, Mériba Alieva, par ailleurs ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco, a rencontré lundi le Pape François.

Elle dirige la Fondation qui a financé les travaux de restauration des nombreuses fresques des catacombes romaines des saints Pierre et Marcellin, joyau de l’architecture des cimetières paléochrétiens, ouvertes au public depuis la mi-avril.

Ce généreux crédit est le fruit d’un accord souscrit en juin 2012 entre la fondation Heydar Alieyev et la Commission pontificale d’Archéologie Sacrée. Cette Fondation, qui porte le nom du père du président actuel, a pour objectif principal la sauvegarde des valeurs culturelles et spirituelles azerbaïdjanaises, et sa promotion à travers le monde, mais elle a aussi réalisé plusieurs projets dans le domaine de l’éducation et de la santé, tels que la construction d’écoles, de crèches et de centres de traitements et de réhabilitation

Eglise consacrée en 2008

Son mari Ilham Aliev préside depuis 2003 un pays en pleine croissance grâce à l’exploitation du pétrole et du gaz. Cette république du Caucase, à majorité musulmane chiite, est devenue indépendante en 1991, suite à l’éclatement de l’URSS. Elle abrite l’une des plus petites et plus récentes communautés catholiques au monde, visitée par Jean-Paul II en 2002.

Durant le voyage, le pape polonais avait été décidée la construction d’une église qui fut finalement consacrée en 2008. Animée essentiellement par des prêtres salésiens d’origine slovaque ou polonaise, la préfecture apostolique de Bakou couvre les besoins spirituels de quelques centaines de catholiques locaux, et d'expatriés de plus en plus nombreux compte tenu du développement économique du pays, qui affichait un taux de croissance vertigineux de 35% au milieu des années 2000 avant d'en revenir à des proportions plus mesurées, crise mondiale oblige.

Au micro de Cyprien Viet, l’ambassadeur d’Azerbaïdjan auprès du Saint-Siège, Elchin Amirbayov, explique que son pays veut devenir un exemple pour le dialogue interreligieux. RealAudioMP3

Un pays musulman et laïc

Voisin de l’Iran dont il partage la culture de l’islam chiite, les Azerbaïdjanais en ont une interprétation beaucoup plus libérale. Les femmes ne portent pas le voile, et ont obtenu le droit de vote dès 1918, bien avant la France, alors que l’Azerbaïdjan vivait une expérience de république parlementaire qui sera toutefois suspendue dès 1920, suite à l’invasion de l’Armée rouge et à l’annexion du pays dans ce qui deviendra l’URSS.

Depuis son indépendance en 1991, l’Azerbaïdjan est en guerre larvée avec l’Arménie voisine, qui occupe la province du Haut-Karabakh, amputant l’Azerbaïdjan d’un cinquième de son territoire.
Mais dans le même temps, l’Azerbaïdjan est parvenu à établir de solides relations avec des pays aussi divers que l’Iran (qui abrite une forte communauté azerbaïdjanaise), Israël, la Russie et les États-Unis.

Un pont entre plusieurs mondes

Le développement de relations fortes avec le Saint-Siège, paradoxal pour un pays qui compte si peu de catholiques, se justifie dans cette volonté pour l’Azerbaïdjan d’être un pont entre l’Orient et l’Occident, entre l’Asie et l’Europe, entre les mondes musulman et chrétien. Plusieurs programmes de coopération ont été engagées entre l'Azerbaïdjan et le Saint-Siège, notamment avec la Bibliothèque apostolique vaticane pour la restauration de manuscrits du Caucase, et avec la Commission pontificale d'archéologie sacrée pour la restauration et l’ouverture au public, à Rome, des catacombes de Saint-Pierre et Saint-Marcellin.

Après celle de Jean-Paul II en 2002, les visites en Azerbaïdjan du cardinal Tarcisio Bertone, alors Secrétaire d’Etat du Saint-Siège sous le pontificat de Benoît XVI en 2008, et plus récemment celles du cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture, ont été des signes d’une intensification des relations, même si beaucoup reste à faire pour une libre expression religieuse dans cette ancienne réublique soviétique.


Photo : la célébration des Rameaux le 13 avril dernier, dans la cathédrale orthodoxe russe de Bakou, ville à majorité musulmane









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