Peu de travail, mais la paix pour les chrétiens du Kurdistan
Il avait rencontré Benoît XVI à deux reprises en 2009 et 2011. Ce matin, le président
du Kurdistan irakien, Moussad Barzani, a été reçu pour la première fois par le pape
François. Cette audience est pour nous l’occasion de revenir sur les conditions de
vie des chrétiens au Kurdistan Irakien. Marie Duhamel
A
Ankawa, des soldats armées veillent à la protection des Eglises. Pourtant dans cette
banlieue chrétienne d’Erbil, comme d’ailleurs dans le reste du Kurdistan irakien,
les célébrations chaldéennes, syro-catholiques ou orthodoxes se déroulent sereinement.
Contrairement au reste de l’Irak, aucune Eglise n’a jamais été attaquée dans cette
région autonome, ancienne zone de conflit à l’époque de Saddam Hussein. Mgr Bashar
Warda est l’archevêque chaldéen d’Erbil depuis 2010.
« Le Kurdistan est
un endroit très sûr, avec un environnement paisible. Quand on vit au Moyen-Orient,
entouré de pays troublés, c’est un succès notable de vivre dans une zone où l’on peut
prier, travailler, se déplacer, profiter de son temps, paisiblement. Le gouvernement
et les partis, après tant d’années de guerre civile, sont parvenus à une mentalité
où, oui, nous devons trouver les moyens de vivre ensemble. »
En raison
de cette stabilité, le Kurdistan, où se trouve le diocèse d’Erbil, un des plus vieux
des environs, a accueilli plusieurs vagues de déplacés irakiens depuis l’intervention
américaine puis, des réfugiés syriens. En 2003, 1500 familles chrétiennes y vivaient.
Aujourd’hui, plus du double. Ils sont quelques 32 000 chrétiens. L’an dernier, période
calme, 482 familles sont arrivées à Erbil.
Un afflux massif et rapide
de réfugiés qui pose quelques difficultés
Mgr Warda : « Pour les
chrétiens qui viennent de Bassorah, Bagdad ou Mossoul et qui ne parlent pas la langue
kurde, c’est difficile. Car vous le savez, il faut parler la langue pour avoir un
magasin, faire du commerce avec les gens. Dans certaines zones du Kurdistan où il
y a 25 villages, le travail est un problème. On a besoin de l’aide des communautés
chrétiennes étrangères pour lancer, ou développer, le secteur privé : écoles, hôpitaux,
cliniques, petites usines où ils pourraient travailler et rester. » Du travail
pour assurer une présence chrétienne pérenne au Kurdistan.
Quant à la cohabitation
sur place avec les musulmans, elle se passe très bien. Un dialogue de vie parfois
troublé cependant par quelques actes isolés de méfiance. Par le passé, il est arrivé
que certains ouvriers musulmans refusent de travailler sur des chantiers chrétiens.
Actuellement quatre églises sont en construction grâce à une aide de 5 millions de
dollars des autorités locales.
Photo : le président du Kurdistan
irakien, Moussad Barzani. Cliché pris par Reuters, le 12 mai dernier à Erbil