OIT : le Pape dénonce l'esclavage devenu monnaie courante
(RV) A partir de ce mercredi et jusqu’au 12 juin prochain, les délégués travailleurs,
employeurs et gouvernementaux des 185 Etats membres de l’Organisation Internationale
du Travail (OIT), se réunissent à Genève pour examiner un large éventail de sujets,
et notamment les migrations de main-d’œuvre, les stratégies de l’emploi ou les moyens
de promouvoir la convention de l’OIT sur le travail forcé.
A l’occasion de
cette session de travail, le Pape François a envoyé ce mercredi un message au syndicaliste
britannique et directeur général de l’OIT, Guy Rider. Que dit ce message ? les explications
de Xavier Sartre
Cette
conférence se tient à un moment crucial de l’histoire économique et sociale : le chômage
est en train « d’élargir dramatiquement les frontières de la pauvreté ». Les
jeunes sont les premiers touchés, démoralisés, ils perdent la conscience de leur valeur.
Il faut donc agir : « en nous impliquant pour accroitre les opportunités de travail,
explique le Pape, nous affirmons notre conviction que seul via un travail, libre,
créatif participatif et solidaire, l’homme exprime et accroit la dignité de sa propre
vie ».
Pour François, le travail n’est pas un bien quelconque, il possède
sa dignité et ses valeurs. « Le travail humain fait partie de la Création, et poursuit
le travail créatif de Dieu ».
Outre le chômage des jeunes, un problème
corolaire, qui tient particulièrement à cœur le Pape : La « globalisation de l’indifférence
» vis-à-vis des hommes et des femmes qui, au risque de perdre la vie, quittent
leur pays dans l’espoir de trouver un travail digne pour finalement se heurter «
à l’incompréhension et à l’exclusion » et dans l’impossibilité de travailler.
Conséquences : certains d’entre eux finissent dans les mains de trafiquants,
vendus ou en situation d’esclavage. « Il est inacceptable que dans notre monde,
le travail fait par des esclaves soit devenu monnaie courante. Cela ne peut pas continuer
», martèle le Pape qui dénonce une nouvelle fois « la plaie », le «
crime contre l’humanité » que représente la traite des personnes.
François
salue le travail de l’OIT, mais il exige plus d’effort : « est venu le moment de
renforcer les normes existantes de coopération et d’établir des moyens nouveaux pour
accroitre la solidarité ».
Plusieurs pistes sont énumérées par François
qui met chacun face à ses devoirs et sa conscience. Le Pape voudrait que les responsabilités
des sociétés multinationales dans les pays où elles travaillent soient évaluées. Il
souhaite encourager les gouvernements à faciliter les déplacements des migrants au
profit de tous, contre la traite ; planifier un développement centré sur la personne
humaine où celle-ci soit protagoniste et bénéficiaire.
Comme il l’avait affirmé
à Ban Ki moon début mai au Vatican, il faut agir « avec courage et générosité »
si nous voulons avoir un impact sur « les causes structurelles de la pauvreté et
de la faim ».
Photo : Guy Rider, le directeur général de l'OIT, ce mercredi
à Genève