Pape François : « Que cessent les violences en Syrie ! »
(RV) Avant-dernière étape de ce passage en Jordanie pour le Pape François : le site
de « Béthanie au-delà- du-Jourdain », à l’Est du fleuve, lieu identifié comme celui
où Jésus a été baptisé par St Jean-Baptiste.
C’est dans l’église latine, encore
inachevée, de ce lieu Saint, que le Pape a rencontré plusieurs centaines de réfugiés
syriens, ainsi que de jeunes handicapés. L’église semblait trop petite pour contenir
la foule nombreuse rassemblée dans ses murs. On notait la présence de nombreux enfants.
Le Pape argentin, que l’on sait très sensible à la tragédie syrienne, avait ardemment
souhaité cette rencontre.
Appel vibrant pour la paix, et pour l'accueil
des réfugiés
Il en a donc profité pour lancer un vibrant appel en faveur
de la paix en Syrie : « Que cessent les violences et que soit respecté le droit
humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la population qui souffre !
Que tous abandonnent la prétention de laisser aux armes la solution des problèmes
et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en effet, ne peut
venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui qui souffre,
de la recherche d’une solution politique et du sens de la responsabilité envers les
frères ».
Une condamnation sévère de la vente d'armes
Le
Pape, sortant alors de son texte, a fustigé avec force « la haine et la cupidité
qui sont la racine du mal ». « Qui se cache derrière la vente d'armes ?
» s 'est alors interrogé le Pape avec fougue. « Qui s'occupe de vendre des armes
aux bélligérants, alimentant ainsi le conflit ? » Des questions que le Pape n'a
pas hésité à poser à la conscience de chacun, et spécialement des acteurs directs
et indirects du conflit syrien.Il ne faut pas hésiter à prier pour ces « pauvrescriminels », a-t-il encore déclaré.
Le Pape a également lancé un appel
à l’adresse de la communauté internationale, plaidant pour qu’elle accroisse son action
de soutien et d’aide, et « qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie », face
à l’afflux de réfugiés qui n’est pas sans poser problème.
François a d’ailleurs
tenu à remercier chaudement les autorités et le peuple jordaniens pour l’accueil «
généreux » des centaines de milliers de réfugiés jetés sur les routes de l’exode
par ce conflit fratricide et meurtrier. Le Pape a salué de manière particulière le
travail accompli par des institutions de l’Église, comme la Caritas Jordanie.
«
Que Dieu convertisse les violents »
Le Pape s’est enfin adressé aux
jeunes handicapés présents dans l’église, sollicitant leur prière, les encourageant
à « collaborer (…) à la construction d’une société respectueuse des plus faibles,
des malades, des enfants, des personnes âgées », les enjoignant à être signes
d’espérance malgré les épreuves. « Vous êtes dans le cœur de Dieu et dans mes prières
», les a-t-il ensuite assurés, avant de renouveler une dernière fois le souhait
« que prévalent la raison et la modération et, qu’avec l’aide de la communauté
internationale, la Syrie retrouve le chemin de la paix ». « Que Dieu convertisse
les violents et ceux qui ont des projets de guerre, que Dieu convertisse ceux
qui fabriquent et vendent des armes », a-t-il enfin conclu, le visage grave.
Cette
rencontre a été ponctuée de plusieurs chants, interprétés par des jeunes, ainsi que
de témoignages émouvants de réfugiés venus d'Irak, et de jeunes malades (dont une
fille de 19 ans, et un petit garçon de 11 ans). Le Pape s'est ensuite laissé aller
à un petit bain de foule, sous le regard vigilant des agents de sécurité, quelque
peu dépassés.
Avant cette rencontre, le Pape a visité le site du Baptême, en
compagnie notamment du couple royal jordanien. Comme le firent ses prédécesseurs,
Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, il s'est arrêté pour un temps de prière, dans
la lumière dorée du soleil couchant, avant de signer le Livre d’Or du Lieu Saint.
Il s’est ensuite rendu dans l’église latine du Baptême, encore en chantier, et dont
la première pierre avait été bénie par le Pape émérite Benoît XVI, lors de sa visite
en ce même lieu, le 10 mai 2009.
Ci-dessous le discours
du Pape :
J’ai beaucoup souhaité vous rencontrer au cours de mon
pèlerinage, vous qui, à cause de conflits sanglants, avez dû laisser vos maisons et
votre Patrie et avez trouvé refuge en cette terre hospitalière de Jordanie; et en
même temps, j’ai voulu vous rencontrer, chers jeunes qui faites l’expérience du poids
de quelque limite physique.
Le lieu dans lequel nous nous trouvons nous rappelle
le baptême de Jésus. En venant ici au Jourdain se faire baptiser par Jean, Jésus montre
son humilité et partage notre condition humaine : il s’abaisse jusqu’à nous et, par
son amour, il nous rend la dignité et nous donne le salut. Cette humilité de Jésus,
le fait qu’il se penche sur les blessures humaines pour les guérir, nous touche toujours.
Et à notre tour nous sommes profondément touchés par les drames et les blessures de
notre temps, spécialement par celles provoquées par les conflits encore ouverts au
Moyen Orient. Je pense en premier lieu à la Syrie, déchirée par une lutte fratricide
qui dure depuis désormais trois ans, et qui a déjà fait d’innombrables victimes, obligeant
des millions de personnes à se faire réfugiées et exilées en d’autres pays. Tous,
nous voulons la paix. Les racines du mal, ce sont la haine, la cupidité. Qui se cache
derrière cela? Celui qui fournit les armes aux belligérants, pour qu'ils continuent
le conflit. Aussi, disons une prière pour ces pauvres criminels, pour qu'ils se convertissent.
Que le Seigneur renforce les cœurs et les esprits des artisans de paix, et les récompense
de ses bénédictions.
Je remercie les Autorités et le peuple jordanien pour
l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés provenant de la Syrie et de
l’Irak, et j’étends mes remerciements à tous ceux qui font œuvre d’assistance et de
solidarité envers les réfugiés. Je pense aussi aux œuvres de charité réalisées par
des institutions de l’Église comme Caritas Jordanie, et d’autres, qui, en portant
assistance à ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi religieuse, d’appartenance
ethnique ou idéologique, manifestent la splendeur du visage charitable de Jésus miséricordieux.
Que Dieu Clément et Tout-Puissant vous bénisse tous et chacun pour vos efforts, afin
de soulager les souffrances causées par la guerre !
Je m’adresse à la communauté
internationale pour qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie à faire face à l’urgence
humanitaire venant de l’arrivée sur son territoire d’un nombre si élevé de réfugiés
; mais qu’elle continue et accroisse son action de soutien et d’aide. Et je renouvelle
mon appel le plus pressant pour la paix en Syrie. Que cessent les violences et que
soit respecté le droit humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la population
qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention de laisser aux armes la solution
des problèmes et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en
effet, ne peut venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui
qui souffre, de la recherche d’une solution politique et du sens de la responsabilité
envers les frères.
A vous les jeunes, je demande de vous unir à ma prière pour
la paix. Vous pouvez le faire aussi en offrant à Dieu vos peines quotidiennes, et
ainsi votre prière deviendra précieuse et efficace. Et je vous encourage à collaborer,
par votre engagement et votre sensibilité, à la construction d’une société respectueuse
des plus faibles, des malades, des enfants, des personnes âgées. Même dans les difficultés
de la vie, soyez signe d’espérance. Vous êtes dans le cœur de Dieu et de mes prières,
et je vous remercie pour votre présence chaleureuse et nombreuse. Au terme de
cette rencontre, je renouvelle le souhait que prévalent la raison et la modération
et, qu’avec l’aide de la communauté internationale, la Syrie retrouve le chemin de
la paix. Que Dieu convertisse les violents et ceux qui ont des projets de guerre