Jordanie : le Pape exprime sa "douleur" devant les conflits qui déchirent le Moyen-Orient
(RV) Après une rencontre privée avec le roi Abdallah II et sa famille, le Pape François
s’est adressé aux plus hautes autorités du royaume hachémite, les chefs religieux
et le corps diplomatique, soit quelque 300 personnes rassemblées dans le grand salon
du palais royal Al-Husseini, à Amman.
Le Roi Abdallah II s'est adressé au Pape,
dans un discours prononcé en anglais et arabe. Le souverain hachémite a chaleureusement
souhaité la bienvenue au Pape, saluant son engagement pour la Paix et l'harmonie entre
les religions et les cultures. Le Roi Abdallah II a d'ailleurs annoncé la tenue au
Vatican, en novembre prochain, d'une rencontre en vue de promouvoir le dialogue interreligieux.
Le
Pape s'est adressé, à son tour, au Roi et à son auditoire. Dans son discours, très
applaudi, François n’a pas hésité à évoquer les deux principaux conflits qui déchirent
la région : la crise syrienne et le conflit israélo-palestinien. Le Souverain Pontife
a exprimé sa douleur face à la permanence de fortes tensions au Moyen-Orient. Il a
également tenu à renouveler son profond respect et son estime pour la communauté musulmane
tout en plaidant en faveur du respect de la liberté religieuse partout au Moyen Orient
et dans le monde entier.
Le Pape François a rendu un hommage appuyé à la Jordanie,
un pays qui accueille généreusement des réfugiés palestiniens, irakiens et syriens
et qui, dit-il, mérite l’estime et le soutien de la communauté internationale. Le
Souverain pontife a par ailleurs exprimé sa reconnaissance aux autorités du Royaume
hachémite pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue
interreligieux, parmi lesquelles le Message Interreligieux d’Amman. Le Pape François
a enfin souhaité que sa visite en Jordanie contribue à augmenter et à promouvoir les
bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans.
Ci-dessous,
l’intégralité du discours du Pape aux autorités jordaniennes :
Je remercie Dieu
de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs
Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II
pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente
rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au Gouvernement
et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de signification pour le Judaïsme,
le Christianisme et l’Islam. Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre
de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions en crise, en particulier
la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop longtemps.
Un tel accueil mérite, Majesté, l’estime et le soutien de la communauté internationale.
L’Eglise Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux
réfugiés et à ceux qui vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas
Jordanie.
Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions
au Moyen Orient, je remercie les Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je
les encourage à continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable, souhaitée
pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est
plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-palestinien.
Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime
pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide
joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus
proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions.
Vous êtes connu comme un homme de paix, un artisan de paix : merci ! J’exprime ma
reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes
en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs,
Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et
pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie
entre les Religions ».
Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection
aux communautés chrétiennes, accueillies par ce Royaume, communautés présentes dans
le pays depuis les temps apostoliques : elles offrent leur contribution au bien commun
de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui
numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée
dans les champs éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent
professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui
est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération
partout au Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend à la fois au
niveau individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse
et la liberté de culte… la liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie
et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI, Exort. Ap. Ecclesia
in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière,
et ils entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens
musulmans, en offrant leur contribution propre et spécifique.
J’adresse enfin
un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son
peuple, avec le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes
et cordiales relations entre chrétiens et musulmans. Et que le Seigneur Dieu nous
défende tous contre cette peur du changement à laquelle Sa Majesté à fait référence.
Je
vous remercie pour votre accueil chaleureux et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant
et Miséricordieux accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la
Jordanie de ses bénédictions. Salam !
Photo : La facade du palais Royal
Al-Husseini à Amman, où le Pape rencontre les plus hautes autorités politiques et
religieuses de Jordanie.