(RV) A la veille de son départ pour son pèlerinage en Terre Sainte, le Pape François
s’est rendu ce vendredi matin en la Basilique Sainte-Marie Majeure pour prier et confier
son pèlerinage en Terre Sainte à la Vierge « Salus populi romani », tout comme il
l’a déjà fait à plusieurs reprises et notamment avant son voyage au Brésil, à l’occasion
des JMJ.
Durant ces trois jours le Pape se rendra à Amman, Bethléem et Jérusalem
à la rencontre de nombreuses réalités de Terre Sainte. Juste avant son arrivée, notre
envoyé spécial Bernard Decottignies s'est rendu à Bethléem, ville natale du
Christ, située en Cisjordanie et sous administration palestinienne et a pu parcourir
la Vieille Ville de Jérusalem. Il nous livre ses premières impressions
Si proche
et si lointain. Ces deux mots m’occupent l’esprit alors que le Pape est sur le point
d’arriver ici en Terre Sainte. Etre chrétien et pour la première fois entrer à Jérusalem,
pénétrer dans ses lieux saints, c’est renouer d’un coup de manière vertigineuse avec
l’histoire de l’humanité, mais aussi votre histoire personnelle. Tout vous parle
de votre foi, ancrée là devant vous dans la pierre, vivante sous les concrétions,
dans les lueurs de cierges qui brûlent sans fin, illuminant des obscurités saturées
d’encens, aussi suffocantes qu’enivrantes. Si proches et si lointaines, les communautés
chrétiennes gardiennes de cet héritage religieux, jalouses de leurs prérogatives.
Où le silence devrait régner en maître, comme au Saint-Sépulcre ou dans la Basilique
de la Nativité, on se bouscule bruyamment, parfois brutalement, pour un impossible
reccueillement. Si proches et si lointains, ces pèlerins remontant dans la ferveur
la Via Dolorosa, sous le regard désabusé des marchands de souvenirs musulmans, dans
des odeurs de falafel frits à même la rue. Si proches et si lointains, ces juifs
ultra-orthodoxes, psalmodiant à minuit dans de grands mouvements du corps face au
Mur Occidental, ou Mur des Lamentations, quelques mètres sous l’Esplanade des Mosquées
où pour la prière ce vendredi matin, des milliers de musulmans se sont rassemblés.
Si proches et si lointains, Palestiniens et Israéliens, séparés par cet interminable
et terrible mur de sécurité, n’ont toujours pas réussi à s’entendre, isolés, au mieux
dans leurs peurs, au pire dans leurs misères, entre enclaves et colonies dévorantes.
Et que dire si vous vous éloignez encore un peu plus de Jérusalem, pour vous retrouver
à quelques jets de pierre de Gaza, sans pouvoir vous y rendre. A-t-on jamais visité
une prison sans de multiples autorisations ? Tout vous parle du passé et de Dieu.
Le présent vous interpelle, vous questionne. Que de cœurs et d’esprits à ouvrir !
Mais vous rencontrez un tas d’hommes et de femmes formidables qui y consacrent leur
temps et leur vie. C’est aussi grâce à eux que cette terre sans nulle autre pareille
peut aussi se faire douce et gentille. C’est aussi pour eux que le Pape François vient
jusqu’ici. Car œuvrer pour la paix et la fraternité y prend tout son sens.