Mgr Lahham : les chrétiens unis pour accueillir le Pape en Terre Sainte
(RV) Entretien – Dans moins de vingt-quatre heures, le Pape François foulera
le sol de la Jordanie, pays par lequel il commencera son pèlerinage en Terre Sainte.
Le roi Abdallah II l’accueillera en son palais d’Amman en compagnie de la reine Rania.
Le Pape rencontrera ensuite les autorités civiles et politiques du pays à qui il s’adressera.
Il célébrera en fin d’après-midi une messe au stade international de la capitale jordanienne,
en présence notamment de réfugiés palestiniens, syriens et irakiens. Autre moment
fort de ce premier jour au Proche-Orient, le Pape rencontrera en fin de journée, des
réfugiés et des handicapés dans l’église latine de Béthanie, sur les rives du Jourdain.
Quelques heures avant son arrivée, les derniers préparatifs pour le recevoir
vont bon train comme l’explique à Valérie Féron, Mgr Maroun Lahham, vicaire patriarcal
pour la Jordanie du Patriarcat latin de Jérusalem
En général,
les préparations vont bon train et ça fait des mois qu’on y travaille. Je pense qu’il
y a trois charters qui vont venir du Liban. Il y en a des centaines qui vont venir
de l’Irak. De la Syrie, je ne sais pas trop parce qu’elle est encore dans un état
lamentable. Il y aura des Egyptiens, des Irakiens qui habitent en Jordanie. Évidemment,
il y aura beaucoup de Jordaniens, certainement des milliers de chrétiens de Jordanie
mais aussi des musulmans qui ont demandé des billets d’entrées. Je crois que ce sera
un joli panorama.
Donc, dans un Proche-Orient où les peuples arabes sont
plongés dans de grandes souffrances. À l’heure actuelle, quel sens donner à la visite
du Pape François ? Vous savez, à chaque fois que le Pape visite un pays et
visite une Église dans un pays, le premier but, c’est de confirmer la foi des chrétiens
de ce pays. Or, quand on est minoritaire, on a de temps en temps besoin d’un appui
spirituel et moral. Et la visite du Pape va donner une bouffée d’air frais et un encouragement
pour continuer à vivre malgré les circonstances dans lesquelles vivent la plupart
des pays arabes et dont le Seigneur, par une grâce particulière, a encore préservé
la Jordanie. Nous prions pour que la paix et la sécurité continuent à régner en Jordanie
mais nous prions aussi fort pour que la sécurité revienne en Syrie, en Irak, en Égypte
et partout dans le monde.
Cette visite devrait être aussi l’occasion, notamment
à Jérusalem de parler des divisons entre les Églises chrétiennes, un sujet très important
dans le Proche-Orient arabe et notamment en Terre Sainte où dans chaque famille chrétienne,
on trouve des catholiques et des orthodoxes. Par exemple, ces familles ont du mal
à fêter ensemble Noël ou Pâques. Les gens ici ne sont pas divisés. Au contraire,
le fait qu’il y ait des mariages mixtes entre catholiques, orthodoxes et protestants,
c’est un signe que pour les gens, les différences dogmatiques ne comptent pas du tout.
En Jordanie, depuis plus de 40 ans, on fête Noël et Pâques ensemble. On espère que
cela se réalise aussi dans tous les pays arabes parce que l’unité dogmatique, on laisse
ça aux théologiens et aux spécialistes mais au niveau du peuple, je pense que les
gens n’ont aucune difficulté à prier dans n’importe quelle Église. Les mariages mixtes
font en sorte que dans toutes les familles, il y ait des catholiques, des orthodoxes,
des protestants.
Donc ce sont les chrétiens de base qui donnent l’impulsion
? Oui, car quand il y a plus de monde, les choses se compliquent. Les gens
sont beaucoup plus simples, beaucoup plus évangéliques. Avec les autorités et les
responsables, il y a une histoire de guerre, de prestige, de prérogatives, de privilèges,
de primauté. Et ça, ce ne sont pas des évangéliques.