Abus sexuels : Mgr Tomasi salue les observations de l'ONU
(RV) Entretien – Le Comité des Nations Unies contre la Torture a présenté aujourd’hui
ses observations conclusives sur le rapport présenté par le Saint-Siège au début du
mois de mai. Cette procédure ordinaire est appliquée par tous les Etats signataires
de la Convention contre la Torture, à laquelle le Saint-Siège a adhéré en 2002.
Selon
le Comité, le Saint-Siège a fourni de grands efforts pour se conformer à la Convention
en menant des réformes pour prévenir tout abus sexuel et pour faciliter les soins
et la guérison des victimes d’abus. Mgr Silvio Tomasi, le représentant permanent
du Saint-Siège près l’ONU à Genève revient sur ces observations
Il y a un
climat de professionnalité qui est beaucoup plus acceptable. Les conclusions du comité
de la Convention contre la torture présentent des critiques. L’activité et la gestion
des crimes d’abus sexuels contre des mineurs indiquent comment les activités des personnes
liées au service de l’Église ont violé la confiance que la population, que les personnes
avaient mises en elles. En même temps, je dirais que le comité a aujourd’hui reconnu
l’énorme effort qui a été fait pour punir les personnes qui ont commis des crimes
contre les enfants et prévenir ce type de crime afin qu’ils ne puissent pas se répéter.
Est-ce
qu’ils ont aussi fait allusion à l’écoute des victimes ou en tout cas à leur dédommagement
? L’Église a aussi fait un effort extraordinaire pour compenser les victimes
des abus sexuels. Par exemple, l’Église aux États-Unis a payé plus de 2,5 milliards
de dollars pour aider les personnes et a versé 78 millions de dollars pour la thérapie
et l’appui à la réintégration dans la société de ces personnes. Par exemple, l’archidiocèse
de Dublin a payé 20,4 millions d’euros pour compenser les victimes d’abus sexuels.
Ce sont des exemples qui montrent que l’activité du Saint-Siège et de l’Église en
général a vraiment été concrète et n’a pas simplement donné cours à une compensation
financière mais aussi à des changements de voix, de directives, d’une mentalité qui
veut maintenant de la transparence et qui veut assurer la confiance que la communauté
a dans les personnes de l’Église, qu’elle soit vraiment un point de communion et non
de soupçon.
Donc, des conclusions plus objectives, plus professionnelles,
moins idéologiques. Est-ce qu’il y a quand même des points sur lesquels il faut encore
discuter ? Dans les observations conclusives, il y a aussi des idées, des conseils
qui ne sont pas très clairs. Un point sur lequel il faudra réfléchir un peu plus,
c’est qu’il n’est pas acceptable que tout comportement d’abus sexuel soit identifié
comme de la torture. Le Saint-Siège condamne comme crime sérieux et comme violation
inacceptable de la dignité humaine tout abus sexuel commis contre les mineurs. Mais
en même temps, il faut respecter la définition de la convention contre la torture
qui est très spécifique. Il ne faut pas exagérer parce qu’on doit faciliter la poursuite
des coupables et laisser aux autorités locales leur devoir de poursuivre également
ceux qui sont responsables du secret. Il est aussi nécessaire de clarifier que les
prêtres de par le monde ne sont pas des employés du Saint-Siège et que même si les
personnes qui dépendent directement du Saint-Siège peuvent être jugées sur la base
de la convention qui entre dans la définition de torture, ceux qui sont en dehors
de certaines dépendances directes de l’État du Vatican doivent être jugés par les
États où ils se trouvent. C’est une question un peu délicate qu’il faut préciser avec
la terminologie légale appropriée. Mais ce sont des questions sur lesquelles il faut
éclairer un peu plus les implications de ces observations conclusives communiquées.
Pour
conclure, est-ce que vous pouvez un peu m’expliquer où en est maintenant le Saint-Siège
avec ce comité et dans quel esprit il faut aller de l’avant ? En conclusion,
je dirais que le rapport de la commission de la Convention contre la Torture est un
rapport plus professionnel, plus objectif et qu’il faudra répondre d’une manière normale
aux questions qui sont posées et continuer le dialogue de manière à ce que les personnes
qui sont victimes des actes de torture ou d’autres crimes puissent être compensées
et surtout, être réintégrées dans la société et recommencer leurs vies d’une manière
digne et constructive.