2014-05-22 18:02:57

Qui sont les milices « anti-racaille » ?


(RV) Entretien - A l’approche des élections européennes Génération identitaire, mouvement de jeunesse issu du Bloc identitaire, un groupe d'extrême-droite, a organisé ces dernières semaines plusieurs tournées dans le métro à Paris, Lyon et Lille. Son objectif affiché : lutter contre l'insécurité à travers « des initiatives de solidarité populaire face à la racaille ». Une présence qui se veut dissuasive.

Cette action très médiatique, même si elle reste limitée, a semé le trouble et déclenché de vives réactions. Pour Jean-Yves Camus, directeur de l’observatoire des radicalités politiques à Paris, il s’agit avant tout de propagande politique. Il réagit aux questions d'Hélène Destombes RealAudioMP3


Il s’agit d’abord d’un phénomène qui reste assez marginal puisqu’il ne s’agit pas de développement de milices d’auto-défense comme il en existe un certain nombre dans d’autres pays. Ce qui est certain, c’est que le Bloc Identitaire des générations identitaires qui sont à l’origine de ces rondes utilisent, une fois de plus, de manière très habile, la communication et l’opération médiatique. L’objectif c’est effectivement de créer le buzz médiatique, bien davantage qu’effectuer un travail de sécurisation réel du métro parce que le Bloc Identitaire n’en a pas les moyens humains et matériels. C’est un moyen de faire parler de soi dans un contexte politique qui en ce moment n’est pas très porteur puisque le Bloc Identitaire ne se présente pas aux élections européennes. Donc, il faut trouver un certain nombre d’évènements rapidement médiatisables qui font impression.

Donc l’objectif serait avant tout politique ?
L’objectif est évidemment politique. C’est une action politique qui consiste à faire connaître le Bloc Identitaire, notamment vis-à-vis d’une population assez jeune qui est excédée par la multiplication des actes de violence et des incivilités dans le métro, excédée aussi par la passivité relativement déconcertante des gens qui se trouvent dans les transports au moment où ces incidents se produisent et qui ciblent une catégorie particulière de population, qui est la cible traditionnelle du mouvement identitaire. Le terme de « racaille » se rapporte de manière directe à la tranche la plus jeune de la population maghrébine ou française d’origine maghrébine. Finalement, même si ce n’est pas dit de cette manière, le message est clair. En dénonçant la racaille, le Bloc Identitaire dénonce le lien qu’ils pensent être évident entre la délinquance ou la criminalité et la présence en France de la communauté arabo-musulmane ou africaine de religion musulmane.

Des actions limitées, un objectif politique. Certains observateurs ont toutefois établi, en quelque sorte, un parallèle avec les actions des chemises noires en Italie dans les années 1920.
Non, cela me paraît particulièrement excessif. D’abord, parce qu’il s’agit d’actions symboliques alors que les squadristes étaient eux, des gens qui partaient à la chasse de leurs opposants politiques pour leur infliger des violences physiques et qui souvent, sont allés jusqu’à la mort. On n’est absolument pas dans ce cas de figure avec le mouvement identitaire qui n’est pas dans une recherche, du moins à ce stade, d’affrontements physiques et violents. Encore une fois, comme il en est de la stratégie habituelle du mouvement, il s’agit d’un acte symbolique largement amplifié par des vidéos qu’on passe sur des plateformes de partage et par l’écho que la presse donne à ce type d’actions.

Qu’est-ce que cela dit à l’État et à sa capacité à intervenir ? Ce peut être un danger pour l’esprit républicain ?
Non, je ne pense pas. Encore une fois, on parle d’un mouvement qui annonce 2000 adhérents mais on peut penser sans doute qu’il en a la moitié, ce qui est déjà beaucoup sur cette frange de l’échiquier politique. L’État français assure évidemment la sécurité des biens et des personnes. L’État tient parfaitement les commandes de la réponse aux incivilités, aux actes de violence qui sont commis dans les moyens de transport public. Ensuite, bien évidemment, le Bloc Identitaire est connu des autorités. Ses militants sont répertoriés. D’ailleurs, ils ne se cachent pas, ils opèrent à visage découvert. Mais on n’est pas en présence d’une milice qui est susceptible d’attenter à l’ordre républicain. D’ailleurs, dans la liste des mouvements que le gouvernement a dissous l’année dernière (Manuel Valls était à l’époque ministre de l’Intérieur), le Bloc Identitaire n’y figurait pas.








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