Espionnage : les pressions de Washington sur la Chine

(RV) Nouvelles joutes verbales entre la Chine et les Etats-Unis pour une affaire d’espionnage industriel. Lundi, un grand jury de Pennsylvanie a inculpé cinq officiers de l’armée chinoise pour espionnage économique et piratage informatique pour des faits remontant pour les plus anciens à 2006.

Pékin n’a pas apprécié et a convoqué mardi matin l’ambassadeur américain pour protester contre ce qu’il appelle « l’hypocrisie » de Washington. Mais cette affaire est loin d’être un simple dossier d’espionnage comme l’explique à Xavier Sartre Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement


« On est en pleine gesticulation diplomatique. Cette mise en cause intervient alors que Vladimir Poutine est en voyage à Pékin, explique le spécialiste du renseignement. Il y a quelques jours, Vladimir Poutine et le président chinois ont fait annoncer par leurs services de presse respectifs qu’il y aurait une déclaration finale avec des éléments substantiels à l’occasion de leur rencontre commune. Ça veut dire que la Chine et la Russie sont excédées depuis quelques temps des menaces et des leçons que les Etats-Unis veulent leur donner. Probablement ils préparent une riposte et bien évidemment, vu que cela déplait à Washington, les Etats-Unis profitent de la visite de Poutine à Pékin pour venir une nouvelle fois attiser les différends avec ces deux nations et pour donner une leçon et mettre la Chine en position d’accusé. »

Autre motivation soulignée par Eric Denécé : les difficultés budgétaires que rencontre l’armée américaine actuellement. Selon lui, la politique américaine est très claire, « il s’agit de faire monter les tensions sans aucune intention d’aller plus loin, que ce soit en Ukraine ou ailleurs parce que les militaires américains sont dans une situation extrêmement difficile. Les coupes budgétaires qui ont été décidées par le Congrès aujourd’hui ne permettent pas la modernisation de l’arsenal nucléaire américain et cela, c’est un enjeu majeur pour le Pentagone et donc toute tension internationale avec des puissances nucléaires comme la Chine et la Russie est de nature à permettre aux militaires de récupérer les budgets que le Congrès ne peut pas leur donner. »