Rapport de l'AIF: plus de 200 transactions suspectes en 2013
(RV) Le rapport annuel de l’Autorité d’information financière du Saint-Siège (AIF),
chargée de la lutte contre les activités illégales dans les domaines financier et
monétaire, a été présenté lundi au Vatican. Il s’agit du deuxième rapport de l’autorité.
Devant les journalistes, le directeur de l’AIF, René Brülhart, a fait état de progrès
significatifs. Les précisions d'Antonino Galofaro
Un chiffre
à retenir : 202 transactions suspectes ont été signalées en 2013 au Vatican contre
six seulement l’année précédente. Le directeur de l’AIF a expliqué cette très forte
augmentation par le développement des outils légaux à disposition, mais aussi par
une performance accrue des entités qu’elle supervise. Par « suspecte », René Brülhart
a précisé que cela pouvait vouloir dire que la transaction ne correspondait simplement
pas au profil du compte. Cinq cas ont été transférés au promoteur de justice du Vatican
en vue d’une enquête judiciaire, mais nulle précision n’a été apportée.
Par
ailleurs, le nombre de requêtes d’information présentées par l’AIF à des autorités
étrangères est passé d’une demande en 2012 à 28 en 2013, alors que celles reçues de
l'étranger sont passées de trois à 53. « Cette augmentation est due à une coopération
internationale promue par une série d’accords bilatéraux », a précisé René Brülhart.
Supervision
et information financière
L’année 2013 a été « positive et stimulante
» selon le directeur de l’AIF. Celle-ci a pu assoir son autorité grâce aux différents
textes légaux promus entre juillet et octobre de l’année dernière, comme les deux
Motu proprio du Pape l’été dernier. Son autorité se concentre autour de deux piliers
: la supervision et l’information financière.
L’inspection de l’Institut pour
les Oeuvres de religion (IOR) en début d’année a été l’une des actions concrètes de
l’AIF. Elle s’est déroulée en trois phases : un questionnaire envoyé à l’IOR ; l’inspection
en elle-même ensuite dans les locaux de la banque durant quelques semaines ; le rapport
enfin d’ici quelques jours ou semaines. Il s’agit de vérifier si les mesures pour
lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme sont bien mises
en œuvre. L’opération a permis de « mettre en lumière les progrès accomplis par
l’IOR ces douze dernières mois ».
Le plus grand accomplissement de l’AIF
selon son chef, est son entrée dans le groupe Egmont, ce groupe qui rassemble les
centrales d’annonces anti-blanchiment de 139 pays. L’autorité d’information financière
a ainsi été reconnu au niveau international, s’est réjoui son directeur.
19
000 comptes contrôlés
L’AIF a été institué par Benoît XVI par un Motu proprio
du 30 décembre 2010. Depuis un an et demi, le Suisse René Brülhart a pris la tête
de l’autorité. Dans une interview au journal suisse Le Temps, il a expliqué
« passer au crible les comptes de 19 000 clients ».
Un travail titanesque,
qui serait payé près de 30 000 euros par mois selon la presse italienne. La question
lui a été posée lundi en conférence de presse. « Je ne réponds pas aux questions
personnelles », a tranché net le directeur de l’AIF.
Photo : René
Brülhart, de l’AIF, l'Autorité d’information financière du Saint-Siège