Le Pape aux évêques italiens : « Rien ne justifie la division ! »
(RV) La 66e Assemblée générale de la CEI, la conférence épiscopale des évêques italiens
s’est ouverte lundi au Vatican. Et c’est une première : les travaux ont été ouverts
par le Pape François lui-même, et non, comme de coutume, par le président de la conférence.
Dans son long discours d’ouverture, l’évêque de Rome a voulu livrer quelques
réflexions sur l’essence même de la mission de l’évêque, et a indiqué trois priorités
pour ses frères dans l’épiscopat italien : la famille, le travail et l’immigration.
Les
tentations du Pasteur
« Qui est Jésus pour moi ? Quelle image ai-je
de l’Eglise ? En suis-je le fils autant que le pasteur ? Ai-je le souci de semer le
bon grain dans le vaste champ du monde ? » Autant de questions que le Pape a
posées à ses confrères, dans le style simple et franc qu’on lui connaît désormais.
La
mission de l’évêque est telle, assure le Pape, que sans une vie de prière assidue,
l’évêque s’expose à un danger : celui d’avoir honte de l’Evangile. Et François de
mettre ensuite en exergue les tentations qui « assombrissent la primauté de Dieu
» dans la vie du Pasteur, et elles sont légion : tentation de la médiocrité, de la
tiédeur, de la présomption, celle de « s’abandonner à l’abondance des ressources
et des structures », ou de céder à la tristesse, « qui éteint toute créativité,
laisse insatisfait et incapable d’entrer dans la vie de notre peuple ». D’où l’importance
vitale pour l’évêque de « chercher le Christ » sans relâche, de fixer son regard
sur Lui et demeurer en sa présence.
Le scandale de la division
François,
citant son prédécesseur le vénérable Pape Paul VI, s’est également attaché à rappeler
le « service d'unité » de l’Eglise, une « question vitale », pour elle.
L’absence de communion, a souligné le Pape, est un scandale, « une hérésie qui
défigure le visage du Christ et déchire l’Eglise ». « Rien ne justifie la division
», a martelé le Pape, ajoutant qu’il valait mieux « céder et renoncer, porter
sur soi l’épreuve de l’injustice, plutôt que de lacérer la tunique et scandaliser
le peuple saint de Dieu ». Attention donc, pour les évêques, à ne pas céder aux
tentations du carriérisme, de l’ambition, qui génèrent « courants et sectarismes
». A de pareils maux, l’expérience ecclésiale de partage et de collégialité est le
seul remède efficace. D’où l’importance, pour le Pape, que la conférence épiscopale
soit un espace vital d’unité, de partage et d’ouverture aux autres. « Soyez levain
d’unité » a encore demandé François aux prélats italiens.
La famille,
les chômeurs et les migrants
Le Pape a par ailleurs développé une idée
qui lui est chère, en appelant les évêques à « l’éloquence des gestes », les
exhortant avec force à faire preuve de miséricorde, de simplicité, de chaleur. Le
pasteur doit être proche de son troupeau, proche aussi de ses prêtres, être attentif
à leurs besoins et leurs attentes.
Parmi les lieux où la présence de l’évêque
est « nécessaire » : la famille, cellule fondamentale de la société, que l’évêque
se doit de soutenir, en en affirmant « la beauté et la centralité », les chômeurs,
« dont la situation interpelle la responsabilité sociale de tous » et les
migrants.
Photo : le Pape François accueilli par les évêques italiens,
dans la salle du synode, au Vatican. A gauche : le Cardinal Bagnasco, président de
la CEI.