Armes et migrants : les deux faces d'un même problème selon le Pape
(RV) Le commerce des armes et les migrations forcées. Ce sont les deux thèmes que
le Pape François a abordé ce jeudi matin en recevant les lettres de créances des nouveaux
ambassadeurs près le Saint-Siège de la Suisse, de l’Afrique du Sud, du Libéria, de
l’Ethiopie, du Soudan, de l’Inde et de la Jamaïque. Abordant la question centrale
de la paix, le Pape a souligné le paradoxe qu’il y avait à la vouloir tout en laissant
proliférer les armes à travers le monde. Il a donc appelé la communauté internationale
à entamer « une nouvelle saison d’engagement concerté et courageux contre la prolifération
des armes et pour leur réduction ».
Intimement liée aux armes, qui entretiennent
les conflits, celle des migrants, contraints de fuir leur pays en guerre. Ces migrations
forcées sont de « véritables tragédies humaines » selon le Pape qui pointe l’hypocrisie
des Etats en la matière. Le compte-rendu de Xavier Sartre
«
Ce serait une contradiction absurde de parler de paix, de la négocier, et en même
temps de promouvoir ou de permettre le commerce des armes. Ce serait même, ajoute
le Pape, un comportement cynique dans un certain sens, de proclamer les droits de
l’Homme et, dans le même temps, d’ignorer ou de ne pas prendre soin des hommes et
des femmes qui meurent en tentant de migrer ou qui ne sont pas aidés par la solidarité
internationale ».
Le Pape met le doigt sur les incohérences des Etats qu’il
invite à dépasser la simple gestion d’urgence d’un problème symbole de notre époque.
Des Etats qui devraient selon lui, adopter « un regard politique sérieux et responsable,
qui implique tous les niveaux : mondial, continental, national et local.
Et
de révéler un nouveau paradoxe entre d’une part, « des histoires étonnantes d’humanité,
de rencontre, d’accueil ; de personnes et de familles qui sont parvenues à retrouver
la dignité, la liberté et la sécurité », et d’autre part, « des histoires qui font
pleurer et qui sont honteuses ». Celles de ces migrants qui « affrontent des voyages
éreintants et qui subissent le chantage, des tortures, des abus de tout genre, pour
finir parfois par mourir dans le désert ou au fond de la mer ».
Les Etats sont
donc mis devant leurs responsabilités « afin qu’aucun être humain ne soit violé dans
sa dignité ».
Photo: des réfugiés du Niger en Algérie, ayant fui les violences
djihadistes au Sahel