(RV) En Afrique du Sud, plus de 25 millions d'électeurs sont appelés mercredi à se
rendre aux urnes. Un scrutin général hautement symbolique, car il se tient alors que
le pays fête 20 ans de démocratie, 20 ans depuis la chute du régime d’apartheid. L'ANC,
ex-parti de Nelson Mandela au pouvoir sans discontinuer depuis l'avènement de la démocratie
en 1994, est donné grand favori.
Si le pays s’est radicalement transformé depuis
l’élection du premier président noir, il reste marqué par de nombreuses inégalités.
Des millions de Sud-Africains noirs vivent toujours dans la pauvreté alors que le
taux de chômage ne cesse d’augmenter, la campagne a donc été dominée par les questions
économiques. C’est ce que nous explique Raymond Perrier, directeur du Jesuit Institute
de Johannnsburg, interrogé par Davide Maggiore.
Le thème le
plus important, c’est le thème de l’économie. Ici, les problèmes économiques sont
très grands ainsi que le problème du chômage. Officiellement, on a un taux de chômage
de plus de 25%, mais en réalité, c’est plus de 30 si pas 40%. Et donc pour beaucoup
de personnes, c’est la menace la plus importante pour le pays.
Il semble
que l’African National Congress, l’ancien parti de Nelson Mandela va gagner ces élections
avec une marge importante parce que l’opposition n’a pas réussi à gagner des voix
par rapport à il y a 5 ans. Oui parce que ici, la majorité des gens votent
pour des raisons émotionnelles et non pas rationnelles. Et donc, l’ANC peut se présenter
comme le parti de la libération, le parti qui a gagné le vote. Pour la majorité des
Sud-africains, c’est le parti de Mandela. Et même si après 20 ans de gouvernement,
les services ont diminués, l’inégalité a augmentée, les personnes vont continuer à
voter pour l’ANC parce que c’est le parti de la libération.
Et parce que
les autres partis n’ont pas réussi à gagner des voix. Oui, exactement. Ils
n’ont pas réussi à bouger la discussion politique : d’une discussion émotionnelle
vers une discussion plutôt rationnelle.
Cette année, il y a des jeunes
qui iront voter pour la première fois. On les appelle les « nés libres ». Quelle pourra
être leur réaction face à ces élections ? « Les nés libres », les jeunes sont
les personnes les plus touchées par les problèmes économiques parce que sortant de
l’école ou de l’université, ils sont en face d’un chômage de plus de 70%. Mais ce
qui est intéressant, c’est que la plupart des « nés libres » ne sont pas enregistrés
pour voter. Ils sont tellement désillusionnés par les thèmes politiques, qu’ils pensent
que la politique ne peut pas changer leurs vies et ils ne sont pas intéressés par
les élections.