Mgr Balduino, défenseur des paysans au Brésil, est décédé
Mgr Tomas Balduino, fondateur de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) et évêque
catholique émérite de la Ville de Goias, au centre du Brésil, s'est éteint ce vendredi
2 mai à l'âge de 91 ans des suites d'une embolie pulmonaire. Sa « défense intransigeante
des droits des indiens, des travailleurs sans terre et des plus démunis », selon les
termes de la président Dilma Roussef, lui a souvent valu l'inimitié des grands propriétaires
terriens, mais également le respect du monde politique.
Mgr Tomas Balduino
est né à Posse en 1922, dans l'état de Goiana, au centre du Brésil. Il a intégré l'ordre
des Dominicains à Sao Paulo et a été ordonné prêtre à Saint Maximin, en France, en
1948. Avant de devenir évêque, en novembre 1967, il a été le Supérieur de la mission
dominicaine de Conceiçao de Araguaia, dans l'Etat du Para, au cœur de l'Amazonie brésilienne.
C'est durant cette période qu'il a découvert la réalité de la souffrance des populations
indigènes. Homme d'action, Mgr Balduino avait néanmoins une solide formation académique.
Il avait notamment obtenu un doctorat en Anthropologie et en Linguistique à l'Université
de Brasilia, en ayant comme objectif de développer un travail plus efficace au côté
des indiens du Brésil. Il avait ainsi appris à parler les langues des peuples Xicrin,
Bacaja et Kayapo.
Opposant à la dictature militaire
Mgr Balduino
a également travaillé à la défense des personnes persécutées par le régime militaire
durant la dictature (1964-1985). A ce titre, il a participé, en juin 2013, au séminaire
international "Mémoire et Engagement", initié par la commission brésilienne 'Justice
et Paix', à Brasilia, commémorant le rôle des chrétiens dans le processus d'amnistie
politique et de re-démocratisation du pays entre 1964 et 1988, année de l'adoption
de la nouvelle Constitution.
Mais c'est sans aucun doute son travail en
faveur des populations rurales et indigènes qui a marqué l'existence de Mgr Balduino.
Parallèlement à son ministère à la tête du diocèse de Goais entre 1967 et 1999, le
prélat a accompagné la création de deux institutions encore très actives et redoutées
aujourd'hui par les pouvoirs publics: le Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) qu'il
a créée en 1972 et présidé entre 1980 et 184, et la Commission Pastorale de la Terre
(CPT), créée en 1975 et dont il a été le président entre 1999 et 2005.
Combattant
de la misère
C'est cette implication qui lui a d'ailleurs valu de recevoir,
en 2006, le Prix des Droits de l'Homme décerné par la Fondation portugaise "Mariana
Seixas". Il a également été fait Docteur Honoris Causa de l'Université pontificale
catholique de Goias pour sont travail en faveur de la citoyenneté et des Droits Humains.
En 2008, il a reçu aux Etats-Unis le prix «Reflections of Hope» de la part de la "Oklahoma
City National Memorial Foundation", pour l'ensemble de son travail et de son combat
contre la misère.
Ce désir d'implication auprès des plus pauvres a effectivement
été central dans la vie et le travail de cet acteur de la théologie de la libération
au Brésil, soucieux de concrétiser dans son action quotidienne l'esprit des Conciles
Vatican II et de Medellin. Un engagement social qui lui a parfois valu l'inimitié
des grands propriétaires pour sa lutte en faveur de la Réforme Agraire, mais aussi
la reconnaissance et le respect du monde politique.
Hommage de la présidente
du Brésil
En 2003, seulement quelques semaines après l'élection du président
Lula à la tête du pays, il avait été nommé membre du "Conseil National du développement
Économique et Social" (CDES) du gouvernement fédéral. Une charge qu'il avait cependant
abandonné rapidement, estimant que le travail développé au sein de ce Conseil ne contribuait
pas ou peu aux changements pourtant indispensables à la nation brésilienne.
Cette intransigeance n'a pas empêché Mgr Balduino de recevoir d'innombrables hommages,
en commençant par celui de Dilma Rousseff, l'actuelle présidente du Brésil. « C'est
avec une immense tristesse que j'ai appris le décès de Mgr Balduino, a déclaré la
présidente. Il était un infatigable combattant des causes populaires...Il a été une
figure importante dans l'opposition au régime militaire, a rajouté Dilma Rosseff,
qui a été aussi très engagée contre la dictature à cette époque. Il a été un défenseur
intransigeant des droits des indiens, des travailleurs sans terre et des plus démunis
».
Les obsèques de Mgr Tomas Balduino seront célébrées lundi 5 mai
à la Cathédrale de Goias. (Apic)