Jean XXIII et Jean-Paul II, Papes de la docilité et de la famille
(RV) Devant 500 000 fidèles rassemblés aux alentours du Vatican _ ils sont 300 000
dans le reste de Rome_ le Pape a prononcé son homélie, solennelle. Il y a rendu hommage
aux nouveaux saints, deux Papes ayant collaboré avec le Saint-Esprit pour « restaurer
et actualiser l'Eglise selon sa physionomie d'origine, la physionomie que lui ont
donnée les saints au cours des siècles ». Saint Jean XXIII, le Pape du Concile
Vatican II montra « une délicate docilité à l'Esprit Saint ». Saint Jean-Paul
II fut lui « le Pape de la Famille » qui « accompagne et soutient »
le chemin synodal entrepris sur et avec les familles. Saint Jean XXIII et saint
Jean-Paul II ont été « des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils
en ont connu les tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus
fort ». Le Pape François a évoqué « l'espérance et la joie » du Christ
ressuscité qu’ils ont reçu en don du Seigneur et que, à leur tour, ils ont donné au
Peuple de Dieu. Les deux nouveaux saints « ont été deux hommes courageux, remplis
de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage
à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde ». Le compte-rendu
de Manuella Affejee
Ci-dessous
l'homélie que vient de prononcer le Pape François lors de la messe de canonisation
en cours place Saint-Pierre :
« Au centre de ce dimanche qui conclut
l’Octave de Pâques, et que Jean Paul II a voulu dédier à la Divine Miséricorde, il
y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité. Il les montre dès la première
fois qu’il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le jour
de la résurrection. Mais ce soir là Thomas n’est pas là ; et quand les autres lui
disent qu’ils ont vu le Seigneur, il répond que s’il ne voyait pas et ne touchait
pas les blessures, il ne croirait pas. Huit jours après, Jésus apparut de nouveau
au Cénacle, parmi les disciples, et Thomas aussi était là ; il s’adresse à lui et
l’invite à toucher ses plaies. Et alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier
en personne, s’agenouille devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn
20,28). Les plaies de Jésus sont un scandale pour la foi, mais elles sont
aussi la vérification de la foi. C’est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité
les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu’elles sont le signe permanent
de l’amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non
pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité.
Saint Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été
guéris » (1P 2,24 ; Cf. Is 53,5). Saint Jean XXIII et saint Jean Paul
II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées
et son côté transpercé. Ils n’ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont
pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n’ont pas eu honte de la chair du frère
(Cf. Is 58,7), parce qu’en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été
deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit,
et ils ont rendu témoignage à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde. Il
ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les
tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte
était la foi en Jésus Christ rédempteur de l’homme et Seigneur de l’histoire ; plus
forte était en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte
était la proximité maternelle de Marie. En ces deux hommes, contemplatifs
des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante espérance
», avec une « joie indicible et glorieuse» (1P 1,3.8). L’espérance et la joie que
le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni personne ne peut les priver.
L’espérance et la joie pascales, passées à travers le creuset du dépouillement, du
fait de se vider de tout, de la proximité avec les pécheurs jusqu’à l’extrême, jusqu’à
l’écœurement pour l’amertume de ce calice. Ce sont l’espérance et la joie que les
deux saints Papes ont reçues en don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont
données au peuple de Dieu, recevant en retour une éternelle reconnaissance. Cette
espérance et cette joie se respiraient dans la première communauté des croyants, à
Jérusalem, dont nous parlent les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47). C’est une communauté
dans laquelle se vit l’essentiel de l’Évangile, c'est-à-dire l’amour, la miséricorde,
dans la simplicité et la fraternité. C’est l’image de l’Église que le Concile
Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII et Jean Paul II ont collaboré avec le Saint
Esprit pour restaurer et actualiser l’Église selon sa physionomie d’origine, la physionomie
que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N’oublions pas que ce sont, justement,
les saints qui vont de l’avant et font grandir l’Église. Dans la convocation du Concile,
Jean XXIII a montré une délicate docilité à l’Esprit Saint, il s’est laissé conduire
et a été pour l’Église un pasteur, un guide-guidé. Cela a été le grand service qu’il
a rendu à l’Église ; il a été le Pape de la docilité à l’Esprit. Dans ce
service du Peuple de Dieu, Jean Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit
un jour qu’il aurait voulu qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille.
Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille
et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient.
Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour
l’Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au
Saint Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu’ils nous apprennent à ne
pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde
divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours. »