Vatican II et l'Afrique : colloque sur la mise en oeuvre du Concile
(RV) Cinquante ans après le Concile Vatican II, l’Église d’Afrique profite de la canonisation
des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II pour faire le bilan de la mise en œuvre du Concile
sur le continent africain, en lire les signes des temps aujourd’hui et prendre des
initiatives pour construire son avenir, en continuité avec le Magistère pontifical.
Le colloque réunira, jeudi et vendredi à Rome, des évêques, des théologiens
et théologiennes africains ainsi que des hommes et des femmes du monde de la culture.
Parmi les intervenants le cardinal guinéen Robert Sarah, président du Conseil pontifical
Cor Unum, le cardinal Onayekan archevêque d’Abuja au Nigéria, et le cardinal Laurent
Monsengwo, archevêque de Kinshasa, la capitale de la RDC.
L'occasion de revenir
sur l'impact des futurs papes canonisés, Jean XXIII et Jean-Paul II, en Afrique et
sur le développement du catholicisme. Si Jean-Paul II a été surnommé le Pape «
blanc et africain », c'est Jean XXIII qui fait le premier geste décisif quant
aux relations du Vatican avec le continent.
Sous Jean-Paul II, la population
catholique triple en Afrique
En 1960, il est le premier Pape à créer un
cardinal africain. Mgr Laurean Rugambwa, archevêque de Dar Es Salaam en Tanzanie.
Ce premier cardinal africain devient un symbole d'espoir pour l'Église sur le continent.
Mais aussi un facteur d'unité au niveau de la Tanzanie et du continent à un moment
où beaucoup de pays africains sont engagés dans une lutte pour l'indépendance. Quand
le concile Vatican II commence en 1962, Mgr Rugambwa est la référence des rares évêques
africains, mais aussi celle des évêques missionnaires, alors majoritaires sur le continent.
Mais
c'est surtout Jean-Paul II, qui par la suite, marquera fortement l'histoire du catholicisme
en Afrique. Il y effectuera quatorze voyages. Surnommé« Le Pape qui aimait l'Afrique
» par Le quotidien Il Corriere della Sera, Le pape Wojtyla a laissé une
empreinte durable sur le continent pour plusieurs raisons. Si globalement, son pontificat
a vu la population catholique mondiale croitre comme jamais auparavant, -les catholiques
sont passés de 757 millions de fidèles en 1978 à 1,09 milliard fin 2003-, c'est en
Afrique que l'augmentation de catholiques a été la plus forte. Durant ses 26 années
de pontificat, la population catholique africaine est passée de 55 à 144 millions
de personnes.
La plus forte progression de vocations à la prêtrise a également
eu lieu sur ce continent. Durant ses visites, Jean-Paul II a eu des messages et des
gestes forts vis-à-vis des séminaristes, prêtres et religieux, mais également pour
les laïcs, diplomates et chefs de gouvernement. ll n'a pas hésité à parler de la corruption,
de l'apatheid et des systèmes dictatoriaux. Au niveau de la religion, il a encouragé
l'inculturation et a invité les Églises à promouvoir la cause des saints locaux,
appelant à une nouvelle évangélisation et à une nouvelle Afrique, pouvant vivre dans
la justice et la paix.
Il a exhorté les jeunes à se considérer comme l'avenir
du continent et encouragé la solidarité entre les Églises particulières, ainsi que
le soutien de la hiérarchie catholique pour sa base. « Puisque les prêtres sont
vos principaux collaborateurs dans l'exercice de la mission apostolique de l'Eglise,
il est essentiel que vos relations avec eux soient caractérisées par l'unité, la fraternité
et l'appréciation de leurs talents», a rappelé Jean-Paul II lors d'une visite
au Nigeria en 1998, soulignant combien la vitalité de l'Église catholique dans ce
pays, alors en pleine croissance dans l'augmentation des sacerdoces, était importante.
Le son des tambours à Saint-Pierre
Le premier synode pour l’Afrique
a lieu en 1995 et on entend pour la première fois sur la place Saint-Pierre le son
des tambours africains. C’est l’occasion de faire connaître au monde entier l’impact
du pontificat de Jean-Paul II sur l’Afrique, qui a aussi souhaité étoffer la présence
africaine au cœur de l'administration de l'Eglise, au Saint-Siège. Le cardinal béninois
Bernardin Gantin est ainsi nommé en 1993 doyen du Collège des cardinaux, le cardinal
nigérian Francis Arinze préfet de dicastère et l'archevêque guinéen Mgr Robert Sarah
est appelé à la Curie en 2001 comme secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation
des peuples. Une douzaine de prêtres africains seront aussi appelés dans différents
dicastères.
De nombreux diocèses et conférences nationales d'Afrique
ont prévu de se déplacer à Rome pour la canonisation des deux papes. Et rendre ainsi
un hommage appuyé à leur action. Signe ultime de la trace importante laissée par Jean-Paul
II, toute une génération de jeunes en Afrique ont reçu pour prénom « Jean-Paul». (Avec
L'Osservatore Romano)
Photo : Nelson Mandela accueille le Pape
Jean-Paul II à Johannesburg le16 settembre 1995