Plus de 100 personnes ont été tuées lors d'un raid pour du bétail et sa répression
par les forces de l'ordre dans le nord du Soudan du Sud, a déclaré ce samedi le ministre
régional de l'Information. « Nous avons perdu 28 civils » dans un campement isolé
d'éleveurs de bétail dans l'Etat de Warrap, a dit le ministre Bol Dhel sur la radio
Miraya FM soutenue par l'ONU, ajoutant que les policiers et les soldats avaient poursuivi
les assaillants et en avaient tué 85.
Les affrontements pour du bétail sont
courants au Soudan du Sud et lors d'un des raids les plus meurtriers, fin 2011, plus
de 600 personnes avaient été massacrées dans l'Etat de Jonglei, après une attaque
menée par quelque 6.000 jeunes de l'ethnie Lou Nuer contre leurs rivaux Murle. Cependant,
ce pays très pauvre de 11,5 millions d'habitants souffre surtout depuis la mi-décembre
d'une guerre civile qui oppose le président Salva Kiir à son rival Riek Machar, évincé
de la vice-présidence en 2013. Ce conflit a fait des milliers de morts et près d'un
million de déplacés. Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir si ce raid
pour le bétail était lié à ce conflit.
Un million de personnes sont au bord
de la famine
Avant que le conflit n'éclate à la mi-décembre, le pétrole
fournissait 95 % du budget de cette nation très pauvre de 11,5 millions d'habitants
qui a obtenu son indépendance en 2011 après des décennies de guerre civile. Le conflit
a éclaté le 15 décembre dans la capitale Juba, avant de s'étendre au reste du pays.
Il oppose des soldats loyaux au président Salva Kiir à des militaires mutins qui ont
rejoint l'ex-vice président Machar, limogé à l'été 2013.
Les deux hommes appartiennent
à deux ethnies différentes et le conflit --politique à l'origine -- a pris une tournure
ethnique, opposant Dinka du président Kiir aux Nuer de M. Machar. Des atrocités ont
été signalées dans les deux camps. Le conflit qui a déjà fait des milliers de morts
et près d'un million de déplacés se poursuit malgré la conclusion d'une trêve en janvier,
que les deux camps s'accusent mutuellement de violer.
Par ailleurs, l'armée
sud-soudanaise a annoncé samedi avoir « perdu le contact » depuis jeudi avec ses troupes
dans un Etat pétrolifère stratégique du Nord, dont des rebelles ont repris cette semaine
la capitale, Bentiu.
L'ONU et des ONG humanitaires ont prévenu qu'un million
de personnes étaient au bord de la famine alors que des pourparlers organisés à Addis
Abeba sont dans l'impasse. (AFP)