2014-04-18 15:52:40

Judas n'est pas né traitre; il l'est devenu


Pour la deuxième fois depuis son accession au pontificat, le Pape François devait conduire vendredi soir au Colisée de Rome le Chemin de Croix du Vendredi Saint. La célébration, qui n’avait pas encore lieu au moment où cette émission a été confectionnée, se tient comme les autres années au lieu de supplice des premiers chrétiens. Les textes de méditation de cette année ont été écrits, à la demande expresse du Pape en personne, par un Evêque de terrain bien connu pour ses prises de position contre la mafia calabraise dans le sud de l’Italie : Mgr Bregantini.
Agé de 66 ans, actuellement archevêque de Campobasso, Mgr Bregantini préside actuellement la Commission pour les problèmes sociaux, le travail, la justice et la paix au sein de la Conférence épiscopale italienne. « Le visage du Christ éclaire toutes les souffrances de l’homme et le visage de l’homme incarne la lumière de Jésus. Le visage du Christ est lumière, celui de l'homme est histoire, prophétie réalisée » : c’est le fil conducteur de ces méditations. Le long des quatorze stations, le texte évoque les problèmes concrets du sud de l’Italie, le chômage et la précarité, les cancers causés par les déchets toxiques, la criminalité, la violence, la drogue, la surpopulation carcérale, la corruption …
Cette année des ouvriers et des chefs d’entreprise ont été invités à porter la croix, mais aussi des immigrés, des représentants du monde carcéral et des communautés thérapeutiques pour toxicomanes… Mais dans ses méditations, l’archevêque italien a voulu aussi mettre en relief quatre personnages positifs : Simon de Cyrène qui symbolise la solidarité et le bénévolat ; Véronique, la douceur gratuite de ceux qui agissent non pas pour posséder mais pour donner ; les femmes de Jérusalem, dont l’attitude n’est pas la commisération qui écrase mais la compassion qui fait mûrir, la force qui s’enracine dans la douleur de l’autre et la rachète ; enfin l’étreinte entre Marie et Jésus : Mgr Bregantini a voulu y associer toute la douceur et la beauté des mères qui ont perdu un enfant dans un accident ou par un délit mafieux, mais qui sentent que cet enfant n'est pas perdu tant qu'il est aimé.
Le Père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a précisé qu’à la fin du Chemin de Croix, le Pape observera un instant de recueillement en silence, debout, avant de bénir la foule des fidèles.
Le Triduum pascal au Vatican, a également été marqué vendredi matin par la prédication sur la Passion du Seigneur donnée au Vatican, en présence du Pape, par le Père Raniero Cantalamessa, Prédicateur de la Maison pontificale. Sur le thème de : « Il y avait aussi avec eux Judas, le traitre », le Père Cantalamessa a souligné que si « l’histoire divine et humaine de Jésus renferme de nombreux petits récits d’hommes et de femmes entrés dans le rayon de sa lumière ou de son ombre », « le plus tragique est celui de Judas Iscariote ».
Judas, Apôtre parmi les Douze, « n’était pas né traître et il ne l’était pas au moment où Jésus l’a choisi; il le devint ! ». Pourquoi ? s’est demandé le Père Cantalamessa : pour un motif terre-à-terre : l’argent. « Judas avait reçu la garde de la bourse commune du groupe; à l’occasion de l’onction de Béthanie il avait protesté contre le gaspillage du précieux parfum versé par Marie sur les pieds de Jésus, non pas par souci des pauvres, relève Jean, mais parce que « c’était un voleur ».
Le Père Cantalamessa a estimé qu’aucun homme ne décide de servir Satan sans motif. Or nul ne peut servir deux maîtres. Et aujourd’hui, sous toutes les formes possibles et imaginables, hommes et femmes de notre temps continuent de trahir toujours le même trahi : Jésus, a-t-il affirmé.








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