Le Pape aux prêtres : « Vivez ou revivez la joie de votre ministère »
(RV) Le Pape François a présidé la messe chrismale au cours de laquelle le saint chrême
est consacré. Cette huile servira pour les baptêmes de Pâques et de toute l'année,
mais aussi pour le sacrement de la confirmation et de l'ordre. Cette messe rappelle
l'institution du sacerdoce et pour chaque prêtre le jour de son ordination. Dans son
homélie, le Pape a ainsi invité les prêtres à vivre et revivre la joie du sacerdoce,
qui a sa source dans l’amour du Père.
Entouré des cardinaux, de dizaines d’évêques
et de centaines de prêtres, le Pape a souligné que « le prêtre est une personne
toute petite : l’incommensurable grandeur du don qui nous est donné pour ce ministère,
a-t-il ajouté, nous relègue parmi les plus humbles des hommes ». « S’il
ne prend pas racine dans le Christ, a ajouté le Pape, le prêtre est par contre
le plus pauvre des hommes, le plus sans défense des chrétiens, vu que personne n’est
plus petit qu’un prêtre abandonné à ses seules forces ».
Le Pape a également
rappelé les trois caractéristiques selon lui de la joie d’être prêtre : « c’est
une joie qui nous oint (« che ci unge, non che rende untuosi, sontuosi, presuntuosi
»), et le Pape jouant sur la sonorité de plusieurs adjectifs ajoutait : « pas
une joie qui rend onctueux, somptueux, présomptueux, c’est une joie incorruptible
et c’est une joie missionnaire qui irradie et attire, en commençant par les personnes
qui sont les plus lointaines ».
Le Pape a également confié que « dans
les moments de tristesse, où tout semble s’assombrir et quand le vertige de l’isolement
nous séduit, dans les moments d’apathie et d’ennui qui parfois surviennent dans la
vie du prêtre, et par lesquels je suis aussi passé, même dans ces moments-là,
a insisté le Pape, le peuple de Dieu est capable de protéger la joie, de te protéger,
de t’embrasser, de t’aider à continuer d’ouvrir ton cœur et de retrouver la joie,
une joie renouvelée ».
La joie du prêtre a trois soeurs : la pauvreté,
la fidélité, l'obéissance
«La joie du prêtre a trois sœurs qui l’entourent,
la protègent, la défendent: la pauvreté, la fidélité, l’obéissance.» « Le prêtre,
a souligné le Pape François, est pauvre en joie tout simplement humaine : il
a renoncé à tant de choses ». Sa joie donc, il doit « la demander à son peuple
et au Seigneur, il ne doit pas se la procurer par lui-même ». « Beaucoup en parlant
de la crise d’identité sacerdotale, a ajouté le Pape, ne tiennent pas compte
du fait que l’identité présuppose l’appartenance. Il n’y a pas d’identité et donc
de joie de vivre, sans appartenance active et engagée au service du peuple de Dieu.
Le prêtre qui prétend trouver l’identité sacerdotale en enquêtant au
fond de lui-même ne trouvera peut-être que des signes qui lui ‘sortie’ : sors de toi-même,
sors à la recherche de Dieu dans l’adoration, sors et donne à ton peuple ce qui t’a
été confié, et le peuple aura soin de te faire goûter qui tu es, comment tu t’appelles,
quelle est ton identité, et te réjouira au centuple comme le Seigneur l’a promis à
ses serviteurs. Si tu ne sors pas de toi-même, a averti le Pape, l’huile devient rance
et l’onction ne peut être féconde. Sortir de soi-même demande que l’on se dépouille
de soi-même, cela demande une pauvreté ».
« La fidélité, a ensuite
déclaré le Pape, ce n’est pas tant dans le sens que nous serons tous ‘immaculés’,
parce que tous nous sommes pécheurs. Mais plutôt dans le sens d’une fidélité toujours
renouvelée à l’Unique Epouse, l’Eglise ». « Il s’agit de l’Eglise vivante, avec nom
et prénom, dont le prêtre doit prendre soin dans sa paroisse ou dans la mission qui
lui a été confiée ». A propos de l’obéissance, le Pape a rappelé que « l’Eglise
hiérarchique donne non seulement le cadre plus externe de l’obéissance mais aussi
l’union avec Dieu le Père, d’où vient toute paternité » « Elle donne aussi
l’obéissance à l’Eglise du service ». « La disponibilité du prêtre, a ajouté
le Pape, fait de l’Eglise la Maison aux portes ouvertes, le refuge pour les pécheurs,
le foyer pour tous ceux qui vivent dans la rue, la maison de soins pour les malades,
le camping pour les jeunes, la salle pour la catéchèse des tous petits qui se préparent
à la Première Communion…Là où le peuple de Dieu a un désir ou un besoin, a conclu
le Pape, là se trouve le prêtre qui sait écouter et ressent une mission que lui a
donné le Christ qui l’envoie secourir avec miséricorde cette nécessité ou ce désir
avec une charité pleine de créativité ».