Mgr Piat intervient dans la réforme électorale à l'Ile Maurice
«Other issues that need to be looked at include the funding of political parties.
Government will publish its thinking on these issues in due course.» Cette phrase,
tirée du Livre blanc sur la réforme électorale, a suscité l’ire du chef de l’Eglise
catholique mauricienne.
Dans une lettre publique envoyée mardi dernier, à
la presse, Mgr Maurice Piat exprime sa « grande déception devant la façon cavalière
dont le Consultation Paper se débarrasse de la question centrale du financement des
partis politiques en le renvoyant aux calendes grecques». En effet, explique-t-il,
aucune réforme électorale ne sera complète si elle ne légifère pas sur la question.
Cette absence de législation, soutient Mgr Piat, fait que «n’importe quel argent,
y compris celui d’une origine plus que douteuse, peut être reçu et personne n’a le
droit de savoir comment ni à qui cet argent est distribué». Selon Mgr Piat, toute
réforme électorale qui ne réglerait pas cette question «ne fera que changer le
cadre dans lequel il y a place pour la corruption qui défigure la démocratie».
Mgr
Piat s'inquiète pour la voix des minorités
L’Église catholique apporte
sa contribution dans les débats sur le Consultation Paper du gouvernement pour la
réforme électorale et le point saillant des commentaires de l’évêque de Port-Louis
porte sur l’attribution des sièges pour la représentation proportionnelle. Mgr Maurice
Piat estime que le seuil minimal de 10 % des suffrages pour qu’un parti ait droit
à un siège dans cette catégorie est trop « haut » et pourrait « exclure la voix des
minorités ». Ensuite, l’évêque préfère que ce soit la Commission électorale qui désigne
les députés à partir d’une liste en ordre de priorité communiquée par les partis politiques
avant les élections et que le choix ne soit pas confié aux leaders des partis après
les élections.
Mgr Piat « accueille chaleureusement » le projet du gouvernement
d’enlever de la Constitution la classification des Mauriciens selon des critères communaux
et qui conduit par là même à la disparition du Best Loser System de notre système
électoral. Mgr Piat ne manque pas de saluer « la contribution non négligeable
» de ceux et celles qui, de par leurs actions en Cour de Justice et auprès du Comité
des Nations unies pour les droits de l’homme, « ont finalement amené le gouvernement
à amender la Constitution dans ce sens ». Même si désormais les candidats aux
élections ne sont plus tenus de spécifier leur communauté, « il y a encore beaucoup
de chemin à faire pour déraciner le communalisme de la vie mauricienne », constate
Mgr Piat.
La source de ce mal, selon lui, est un manque de confiance car beaucoup
de Mauriciens ne sont pas persuadés qu’ils peuvent être très bien représentés au Parlement
par des personnes ayant une origine culturelle et ethnique différente de la leur.
« Une société où l’on ne se fait pas un minimum confiance ne peut pas avancer.
C’est cette peur qui freine l’avancement démocratique du pays et qui rend cette réforme
électorale timide. Mais un pas important a été quand même franchi. Réjouissons-nous
et voyons quel serait le prochain pas à faire ». (Lemauricien.com)